2018
Cairn
Xavier Bioy et al., « Chapitre 3. La gouvernance de la recherche sur l’embryon », Journal international de bioéthique et d'éthique des sciences, ID : 10670/1.yu4yhk
Largement commentées et analysées, les dispositions des lois de bioéthique depuis leur première adoption en 1994 jusqu’aux dernières propositions en date, ont montré la grande difficulté de donner une qualification juridique à l’embryon et aux cellules souches embryonnaires et également de leur adosser un statut. Les problèmes juridiques que posent ces hésitation impliquent essentiellement une instabilité tant pour les chercheurs que pour les professionnels de santé sur ce qu’ils peuvent ou ne peuvent pas faire lorsqu’il s’agit de l’embryon et de ses cellules. Ainsi, alors que la protection de l’embryon faisait l’objet d’un consensus (de façade) jusqu’à la fin des années 2000, il apparaît aujourd’hui comme l’objet d’une volonté politique de développement de la recherche suscitée par les chercheurs et agences de l’État. Les équilibres juridiques ont été modifiés par étapes pour conduire à une police administrative qui concilie liberté de la recherche et enjeux éthiques dont l’épaisseur juridique demeure faible et incertaine. Il s’agira donc de mettre en lumière les jalons juridiques et institutionnels qui ont présidé à l’acceptation des recherches sur l’embryon et donc à une libéralisation de son encadrement juridique. On émettra ensuite quelques doutes sur l’intérêt de cette libéralisation, car en effet, la jurisprudence relative à la brevetabilité des inventions issues de cette recherche hypothèque quelque peu les perspectives de développement, comme par ailleurs le contexte économique et scientifique semble vouer la recherche sur les cellules souches embryonnaires à demeurer marginales.