La robe en France, 1715 - 1815 : nouveautés et transgressions

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26 septembre 2014

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Charlotte Stephan, « La robe en France, 1715 - 1815 : nouveautés et transgressions », Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.z5gk8t


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La mort du roi Louis XIV, le 1er septembre 1715 met fin au Grand Siècle, etdonne naissance au XVIIIe siècle. Ainsi, le dur 17e siècle cède la place à l’aérien18e siècle, le siècle de la volupté, de la chair sensuelle. La femme devientdésirable et envoûtante, se pare de nouvelles tenues, de nouveaux attraits, quichangent et modifient la vision de la femme, les mœurs, la vision du corps. Unnouveau vestiaire apparaît dès la Régence ( 1715 - 1723 ), donnant à la modeféminine l’occasion de briller. La transformation des modes que cherchaient àréaliser les dames de la cour au soir du Grand Siècle naît sous la Régence, pours’épanouir au siècle des Lumières. C’est le siècle qui connaît le plus debouleversement en matière de modes et de mœurs : les modes ne cesseront dese succéder et de changer jusqu’à la Révolution française. Ces changementsrapides et éphémères ne se font pas sans déplaire : les scandales agitent alors lamode française. Ainsi, du style « à la Watteau » des robes volantes de laRégence, aux robes droites et strictes de l’Empire, nous verrons que la robe enFrance subit toute une logique de transgression et d’assimilation de la nouveauté.C’est à travers l’étude de cinq types de robe « phares » de ce 18e siècle quenous allons voir l’évolution de la robe en France : la robe volante de la Régence,les robes « de jardin », la robe chemise, dite « chemise à la Reine » de la reineMarie-Antoinette, la robe Merveilleuse du Directoire et enfin la robe Empire. Cescinq types de robes sont autant de témoins de l’innovation de la mode au coursde ce18e siècle : elles ont pourtant été blâmées, car elles ont été jugées tropchoquantes, provocantes, inappropriées, déplacées. En faisant l’étude dechacune de ces robes, nous observons qu’elles ont déplu car elles sont chacunel’adaptation d’un modèle crée pour l’intimité de la chambre à coucher. En effet, levéritable scandale était celui-là même : le fait d’extirper du monde de l’intime, dusoi, un vêtement qui a été crée pour ce milieu et qui appartient à ce milieu, pouren faire un vêtement de jour, porté dans le monde public, celui où les apparencesont une importance primordiale. Ainsi, les robes que nous avons étudiées fontscandale autour de cette question, car chacune d’entre elles bascule d’unmonde à l’autre, alors que la frontière entre ces deux mondes est imperméable.Se définissent alors trois horizons d’étude : la vision du corps, qui changefondamentalement, selon que le vêtement est adapté au corps ou pas, selon qu’ilmontre trop ou dissimule trop ; le cas du vêtement de circonstance : à chaquevêtement, chaque tenue est attribué un rôle, une fonction précise dans la société :le dévier de cette attribution, le détourner, revient à l’arracher à son contexte, etne pas respecter les codes de l’apparence sociale, normalisée par l’étiquette etles lois somptuaires ; enfin, le vêtement comme marqueur social, commedéfinition même du rang de la personne qui le porte. Le rôle socio-économique duvêtement occupe une place majeure dans l’histoire de la mode.Dans la société de l’Ancien Régime, le corps doit être im-peccable, c’est-à-direlavé de tous pêchés. Ces nouvelles robes dévoilent ou cachent trop le corps,qui devient ainsi source de nombreux questionnements. L’image du corps, perçuentre intime et public, se renouvelle, et choque par son indécence. Par exemple,la robe Merveilleuse dévoile bien trop du corps des jeunes femmes, et est bientrop impudique, alors que la robe volante, par sa forme lâche, en dissimule trop,ce qui est tout aussi indécent et suspect. Dans le cadre intime, le corps se dévoileou se voile, de façon à n’être perçu et admis que par soi. Dans la société, il estsoumis au regard d’autrui, qui, instantanément, le hiérarchise, le classe, le forme.Le corps doit être conforme à ce que la société lui impose.De fait, il existe un costume qui doit être porté en société. La sociétéaulique de l’Ancien Régime fonctionne uniquement de cette façon : à chaquecirconstance est imposée une tenue bien spécifique. Sous le règne de Louis XIV,lʼhabillement est minutieusement réglé selon lʼétat, le rang, la saison, lescirconstances et jusquʼà la longueur des galons ou la matière des boutons. Ainsi,lʼhabit de cour, pour les femmes le Grand Habit, devient le costume de mise, pourles grands événement, alors que la robe de cour plus traditionnelle, la robe à lafrançaise, doit être portée dans toutes les autres occasions. Le matin et le mondede lʼintime ont aussi leur uniforme, qui ne doit être porté que dans ce cadre : ledéshabillé, ou le négligé. Quand, grâce à la nouveauté incessante voulue par lamode du 18e siècle, le déshabillé se transporte dans le monde public, il faitimmédiatement scandale : car en plus de déroger à lʼétiquette qui impose un habità chaque moment de la journée, il est arraché de son monde, ce qui le renddécalé, déplacé, voire ridicule." Enfin, un costume dans sa forme, sa substance, sa couleur, signifiejuridiquement sous lʼAncien Régime, une condition, une qualité, un ordre, un état,en toute clarté, sans désaveux, ni justifications fictives. Le vêtement de l’AncienRégime classe donc son porteur en société selon un ordre rigoureux quesurdéterminent encore les contraintes matérielles. Ainsi, si le costume classe, ildoit être adapté au rang de la personne qui le porte. Par exemple, dans le grandhabit, la longueur de la queue de traîne est proportionnelle au rang de la damequi la porte. Lorsque Marie-Antoinette apparaît en gaulle au Salon de 1783, lacritique est scandalisée, car la reine s’est désacralisée, elle porte une chemise decoton ; en tant que reine de France, il lui revient d’indiquer son statut et son rangen portant des étoffes précieuses, telle la soie ou le velours, et de respecter lescodes sociaux. Il en va de même pour la société curiale de Napoléon, qui, tout aulong de son règne, tente de supprimer le port de la mousseline et de mettre enexergue le prestige de la France, par le port des somptueuses soierieslyonnaises. Encore une fois, l’appropriation de l’intime dans le monde publicdérange : les matériaux légers et souples, tels que le coton, renvoient à desclasses plus basses de la société.Durant un siècle, de 1715 à 1815, la transgression dans la robe semanifeste par ce basculement entre la sphère de l’intime et la sphère du public.Nous remarquons que toutes les nouvelles robes qui ont fait la mode ont présentéau moins un élément qui les rattachent au monde intime : le matériau, la coupe, lacouleur. Chacune sera fortement critiquée lorsqu’elle sera portée. Cettetransgression se traduit par plusieurs types de critiques, toutes centrées surl’image que renvoie la personne, qui est très codifiée dans le monde desapparences de l’Ancien Régime et de la cour napoléonienne.

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