2013
Cairn
Marika Moïsseeff, « La chair, le sacré et le culte de l'homme dans les sociétés occidentales contemporaines », Revue du MAUSS, ID : 10670/1.zda128
En analysant la religion des Aborigènes australiens dans Les Formes élémentaires de la vie religieuse, Durkheim souligne que c’est le culte, et non les divinités, qui joue un rôle prépondérant dans toutes les religions, y compris dans celle qui devait s’imposer dans les sociétés « les plus évoluées ». L’entité sacrée des sociétés modernes renverrait alors à l’homme lui-même autour duquel s’organiserait le culte de cette nouvelle religion que Durkheim situe du côté d’un humanisme désincarné n’ayant rien de commun avec les rites sanglants pratiqués par les Aborigènes australiens. En prenant quelque distance avec l’évolutionnisme, il est possible de réorienter son regard pour s’attacher aux nouveaux traitements appliqués au corps et les considérer comme ce qui fonde la religion globale de la santé mise en œuvre dans les institutions médicochirurgicales, là où l’on naît, là où l’on meurt, dans les sociétés occidentales contemporaines, et renvoyant à la biopolitique de l’espèce humaine.