2011
Cairn
Josiane Barbier et al., « Le diplôme de fondation de l'abbaye de Corbie (657/661) : contexte, enjeux et modalités d'une falsification », Revue du Nord, ID : 10670/1.ziclqr
Carlrichard Brühl (1998) et Theo Kölzer (1998, 2001) ont montré que le diplôme de fondation de l’abbaye de Corbie, intitulé au nom du roi mérovingien Clotaire III, était un acte falsifié au plus tard au milieu du ixe siècle. L’étude ici menée propose d’y voir un faux élaboré au viiie siècle, peu avant ou peu après la confirmation d’immunité délivrée par le roi Pépin le Bref (751/768) ; il se serait agi de restaurer des pièces écrites en mauvais état, mais surtout d’assurer, à une époque de « sécularisation des biens d’église », une protection particulière aux possessions énumérées, qui ne représentent ni la dotation initiale, ni probablement le patrimoine aux mains des moines à l’époque de la falsification. Il ressort de l’examen des biens décrits que la partie énumérative du diplôme compile la teneur de plusieurs actes, royaux ou non, dont l’octroi fut sans doute étalé dans le temps. Par ailleurs, la portion de bois en Vicogne concédée aux moines était sans doute beaucoup moins étendue qu’on ne l’a dit (Michel Rouche, 1973). Au total, la dotation foncière initiale de l’abbaye aurait été plus modeste qu’on ne le pense et ne peut donc être un critère pour apprécier le caractère exceptionnel de Corbie dans la « politique monastique » des rois mérovingiens.