23 juin 2020
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Océane Thual, « Éducation musicale à l'école primaire : goûts musicaux des futurs professeurs et projection d'enseignement de la discipline », Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.ziv8jk
« Dans quelles mesures les goûts musicaux des futurs professeurs des écoles influent sur leurs perspectives d’enseignement de la discipline ? », voilà la question posée dans cet écrit. Le questionnement se décompose en deux hypothèses fondatrices de la recherche. La première est que les goûts musicaux des futurs enseignants influeraient sur la projection qu’ils font de l’enseignement de l’éducation musicale. Et la seconde est qu’ils s’émanciperaient de leurs goûts pour enseigner une diversité culturelle. Dans le champ sociologique, trois grands courants se sont construits sur La Distinction (1979) de Pierre Bourdieu qui analyse les goûts comme distinction sociale. Richard, A. Peterson et Philippe Coulangeon nuancent l’opposition « classique/populaire » en développant les termes « d’omnivore/univore » et « d’éclectisme » dans la gestion de ses goûts. Enfin, Hervé Glevarec et Michel Pinet abandonnent ces précédentes théories pour préférer celle de « l’exclusivisme » pour le genre « contemporain-populaire » des jeunes diplômées de l’enseignement supérieur. Une enquête quantitative par questionnaire a permis de récolter des données pour 16 futurs enseignants, inscrits à l’Institut national supérieur de l’éducation et de la formation (INSPÉ) de Nantes (2019-2020). Quatre grandes découvertes sont faites : une absence de goût pour le genre « classique-opéra » se dégage ; l’opposition « populaire/classique » ne vaut plus réellement, mis à part le goût pour le « Jazz » qui s’est substitué à celle du genre disparu ; les écoutes des futurs enseignants sont éclectiques, bien que principalement (non exclusivement) orientées vers le « contemporain-populaire » ; il y a une similitude entre les goûts des futurs enseignants et ceux des élèves : similitudes dans les genres écoutés (« contemporain-populaire » avec « Variété française/francophone » et « Rap »), mais dissonance quant aux artistes écoutés. Ces découvertes traduisent la volonté des futurs enseignants de faire preuve d’altérité : ils sont prêts à mettre de côté leurs préférences musicales pour prendre en compte celles de leurs élèves afin de construire leur enseignement. Enfin, il faut refonder sa posture enseignante par rapport aux enseignements culturels que l’on donne. Soit, envisager l’enseignement de la musique « classique-opéra » comme un fait historique sans lui accorder plus d’importance qu’à un genre « contemporain-populaire ».