2021
Cairn
Frédéric Hurlet, « Comment les Romains se représentaient leur Empire. L’apport des cursus sénatoriaux (époques républicaine et julio-claudienne) », Dialogues d'histoire ancienne, ID : 10670/1.ziy697
Étudié la plupart du temps dans une perspective chronologique et prosopographique, le contenu des cursus sénatoriaux d’époque républicaine et julio-claudienne peut également aider à mieux comprendre le phénomène de territorialisation de l’Empire romain. L’usage épigraphique en vertu duquel le nom de la province gouvernée n’est pas indiqué dans les inscriptions datées de l’époque républicaine signifie que l’élément déterminant était non pas le nom de la province, mais le statut sur lequel se fondait l’intervention de tel dignitaire dans la province en question. On en déduira que l’ imperium était alors perçu prioritairement comme un pouvoir, et non comme un espace. Un changement se fit jour à l’époque augustéenne, quand une nouvelle pratique épigraphique, consistant à dénommer les provinces gouvernées, coexista avec l’ancienne. Il faut y voir un effet de la réforme de janvier 27 av. J.-C., qui contribua à faire de l’Empire un espace bien délimité en créant des provinces fixes et en les hiérarchisant. La territorialisation de l’Empire romain fut toutefois un processus de longue durée qui s’étendit tout au long de la première moitié du ier siècle apr. J.-C. Le terme de cette période de transition est le Principat de Claude, à l’issue duquel les noms des provinces furent systématiquement mentionnés dans les cursus sénatoriaux provenant de Rome et d’Italie.