29 avril 2021
Jérôme Cabot, « Poésie oralisée », Publictionnaire. Dictionnaire encyclopédique et critique des publics, ID : 10670/1.zkirf9
La poésie a d’abord été un art de l’oralité. C’est par la voix qu’elle atteignait un public. Puis l’imprimerie a eu pour effet de séparer la poésie de cette oralité originelle et, accessoirement, de figer en conventions les procédés qui y étaient associés : la rime ou le mètre, par exemple, nécessaires à la production, pour une bonne mémorisation, et à la réception, pour un impact accru sur l’écoute par le corps. Alors que la poésie oralisée relève d’une tradition millénaire et trans-culturelle, illustrée par les aèdes, rhapsodes, bardes, ménestrels, trouvères, troubadours, scaldes nordiques et chansonniers, et encore vivace chez les majdoubs maghrébins, les griots africains ou les repentistas du Nordeste brésilien, en Occident c’est progressivement sur le papier que le public a pu trouver le discours poétique, devenu texte. On pourrait croire que la poésie ne s’oralise plus guère que par la récitation scolaire et les psaumes religieux. La poésie sort du silence Pour autant, on a pu observer, depuis la fin du XIXesiècle, un regain des formes de poésie oralisée, depuis les Hydropathes et autres cabarets, puis Dada, et a fortiori les années 1950 : « poésie sonore », « poésie action », et toutes sortes d’oralisations poétiques, à l’instar d’Antonin Artaud (1896-1948), Henri...