Camille Jullian. Les années de formation

Résumé Fr

Le mouvement d'intérêt qui s'est fait jour il y a quelques années pour l'histoire de l'historiographie du XIXe siècle - et n'a cessé de s'affirmer depuis lors, en provoquant une curiosité croissante pour cette science de l'antiquité qui connut à la fin du siècle son âge d'or - a ramené l'attention sur un certain nombre de personnalités considérables qui l'ont durablement marquée de leur empreinte. Si, cependant, en Allemagne et en Italie, les études se sont multipliées sur Mommsen, Usener, Wilamowitz-Moellendorff ou Pais, en France on s'en est tenu, à peu de chose près, à Fustel de Coulanges, sans vraiment chercher à voir au-delà. Or celui-ci fut un maître dont les idées marquèrent toute une génération et il existe un «cercle fustélien» sur les membres duquel il est nécessaire de se pencher. Parmi ceux-ci, Camille Jullian, normalien, agrégé et Farnésien mais aussi protestant, républicain et patriote, est sans doute 1 un des plus représentatifs. Le présent ouvrage, en le suivant, de 1877 à 1889, dans ses années de formation, essaie de faire ressortir, à travers lui, les traits qui caractérisent toute une génération : le passage d'une démarche purement «littéraire» à ce gui se voulait une pratique «scientifique» des études classiques; le rapport ambigu à l'érudition allemande, à la fois passionnément admirée et violemment rejetée ; la recherche, au-delà de la pensée de maîtres profondément estimés, d'une voie personnelle où se concrétise une vocation. Loin de s'enfermer dans une perspective étroite, ce livre propose non pas d'analyser une science en train de se faire mais de ramener à la vie, en voyant par les yeux d'un jeune savant le monde dans lequel elle s'est faite. Camille Jullian en effet, qui le traversa en observateur perspicace, a laissé sur lui un témoignage exceptionnel et ceci invitait à partager simplement son regard sur la période particulièrement brillante qui y revit avec intensité.