2018
Cairn
Michel Aglietta et al., « Capitalisme et inégalités », Revue d'économie financière, ID : 10670/1.zzqlwt
Sous l’effet de la globalisation financière, les inégalités se sont accrues dans la plupart des pays depuis les années 1980. Les inégalités moyennes de revenu entre pays ont toutefois diminué avec l’essor des pays émergents sous l’impulsion de la Chine. Cela a permis de faire reculer la pauvreté absolue.Parmi les pays avancés, les écarts sont énormes entre les États-Unis, où les inégalités se sont exacerbées à l’extrême, et les principaux pays d’Europe continentale, où les dispositifs de la protection sociale ont partiellement résisté.Les deux forces déterminantes de ces évolutions en longue période ont été les transformations de la gouvernance des entreprises, d’une part, l’énorme accroissement de population active à très bas coût dans la division internationale du travail, d’autre part, avec l’ouverture des grandes puissances asiatiques au commerce international. Il en a résulté une hausse structurelle du coût du capital par rapport au coût du travail au niveau mondial.Le principe général de la rentabilité dans le libéralisme économique qui s’est imposé a été celui de la valeur actionnariale. Il a produit des inégalités de richesse et donc de pouvoir bien plus grandes que celles des revenus. En outre, cette logique entraîne des cycles financiers, mus par l’expansion de l’endettement, qui provoquent une instabilité macroéconomique marquée par des crises financières.Ce régime de croissance déséquilibré va faire face aux défis qu’il ne peut maîtriser : le vieillissement démographique, le changement climatique, la détérioration de l’environnement, l’insuffisance de la production des biens publics. Cela fait apparaître que l’inclusivité et la soutenabilité du développement appellent une mutation profonde des sociétés. Classification JEL : E25, G01, G32, N10, Q54.