Françoise Gaudibert, architecte et sociologue, retrace ses années de formation à la charnière des années 1960 et 1970, puis son parcours professionnel, notamment en tant qu'enseignante-chercheuse en école d'architecture

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15 mars 2022

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Françoise Gaudibert, « Françoise Gaudibert, architecte et sociologue, retrace ses années de formation à la charnière des années 1960 et 1970, puis son parcours professionnel, notamment en tant qu'enseignante-chercheuse en école d'architecture », Archives de la recherche & Phonothèque MMSH dans Calames


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Résumé 0

L’entretien avec l'architecte et sociologue Françoise Gaudibert, conduit par l'enseignante-chercheuse Nathalie Lapeyre, s'attache à préciser l'activité d'enseignante-chercheuse du témoin, tout en retraçant son parcours professionnel et l'évolution de l'enseignement de l'architecture. La conversation s’ouvre sur le contexte et les motivations qui amènent la jeune femme à étudier l’architecture. Son père était fonctionnaire, dans un poste à responsabilité et, bien qu'assez âgé et avec une vision traditionnelle de la famille, il l'encourageait à faire des études. Au vue de ses aptitudes pour le dessin, il souhaitait que sa fille s'oriente vers un travail de dessinatrice pour le cadastre. Sa mère s'occupait de la famille, qui comptait également deux garçons. En parallèle, elle avait une amie qui lui parlait de son propre père, architecte à la ville de Toulouse. Elle fait sa scolarité au lycée féminin Saint-Sernin de Toulouse. Elle passe son baccalauréat à l'âge de 20 ans pour s'inscrire à l’école des Beaux-Arts de Toulouse, en section architecture, en 1964. Elle expose la vision de son père sur les femmes qui travaillent et elle-même, en conséquence, envisageait le métier d’architecte comme incompatible avec la vie de famille. La première année est une année d'admissibilité à la formation d’architecte, se clôturant par le concours d'admission qui se déroule à l'école des Beaux-Arts de Paris. Le témoin évoque le bizutage que subissent les admissionnistes, les interrogations liées aux enseignements – ils sont qualifiés d'abscons et rétrogrades, et la pratique du dessin y est extrêmement classique. Elle décrit rapidement les cours, ceux de mathématiques, d'histoire de l’architecture ainsi que les ateliers. Elle souligne le décalage entre les constructions architecturales qui se faisaient à cette époque et l'enseignement délivré à l’école. Elle évoque les ateliers A et C, la remise en cause des enseignements, le départ de l'école de Toulouse du directeur Noël Le Maresquier et l'arrivée de Georges Candilis. Françoise Gaudibert raconte qu'elle-même et ses camarades souhaitaient que des évolutions pédagogiques interviennent également en première année d'admission ; ils réfléchissaient aux enseignements qu'ils souhaitaient, certains élèves allant d'ailleurs voir ce qui se faisait dans les écoles de Nantes et Grenoble. Elle se souvient aussi d'un professeur qu'elle appréciait (ndlr : M. Debaut - l'écriture du nom est incertaine). Le témoin explique avoir passé plusieurs fois le concours parisien - elle l'obtient en 1968 – et raconte le conservatisme du jury et comment était mal reçue la modernité qu'elle tentait de présenter. Une certaine ouverture avait cours à Toulouse mais n'était pas vraiment compatible avec le concours parisien, qui restait néanmoins la porte d'entrée pour la poursuite des études d'architecture. C'est une période où elle prend ses repères sur le plan politique, s'éloigne de son éducation religieuse et s'intéresse aux aspects politiques du métier. Elle se souvient avoir participé à l'occupation des locaux de l’Ordre des architectes. Vers 1969, l'école d'architecture de Toulouse déménage, se rapprochant de l'université du Mirail, lui facilitant ainsi l'accès en tant qu'auditeur libre, jusqu'en 1971, aux enseignements de sociologie et de géographie, disciplines qui l'intéressaient autant que l'architecture. Elle fait un mémoire sur le mouvement de l'Advocacy planning. Elle obtient son diplôme d'architecture en 1971, diplôme qu'elle présente avec trois autres étudiants, dans le cadre d'un projet en lien avec une association de quartier et la construction d'un abri-bus qui prolongeait une ligne de transport vers la périphérie de Toulouse. Elle évoque ses amies de Toulouse (Claudie Nogaret et Annie Monti (ndlr : l'écriture de ce dernier nom est incertaine) puis son départ à Paris, ne souhaitant pas travailler dans les agences d'architecture de Toulouse et ressentant le besoin de s'éloigner. Puis elle décrit les voyages qu'elle fait pendant ses études. Elle se rend d'abord en Algérie, en 1964, à la fin de sa première année d'études, avec un mouvement catholique dont le travail visait à réaliser des travaux pour les habitants ; le chantier consiste à transformer une église en école. Elle rappelle qu'une partie de sa génération a été marquée par la guerre d'Algérie, son frère ayant été lui-même mobilisé. En 1969, elle est autorisée par ses parents à se rendre en Inde avec un aller simple, à l'université d’Ahmedabad, où elle séjournera pendant trois mois. Elle aurait souhaité y rester pour étudier mais elle juge son anglais insuffisant. En Inde, le mouvement moderne en architecture avait donné lieu à diverses constructions, et l'université, pensée par l'architecte Louis Kahn était en cours de construction. Françoise Gaudibert pense que cette période est à l’origine de son souhait d’étudier les technologies et l’anthropologie. Elle se souvient avoir refusé de travailler dans un projet où les habitats précaires devaient être détruits pour déplacer les populations pauvres à la périphérie de la ville. L'enquêtrice interroge le témoin sur l'influence de la période de Mai 1968 sur l'enseignement de l'architecture. Celle-ci affirme que le changement avait débuté avant, en rappelant qu'à Toulouse, ses camarades admissionnistes et elle-même réfléchissaient activement à la manière dont ils souhaitaient que l'architecture leur soit enseignée. Elle cite en exemple un travail qu'ils avaient réalisé sur une école maternelle où ils avaient décidé de rencontrer l'institutrice et les enfants, créant leurs propres méthodes d'apprentissage. Plus tard, à partir de 1971, elle travaille en agence à Paris, pendant trois ans, tout en alternant des voyages. Mais elle s'aperçoit que les projets de construction de masse ne tiennent aucun compte des personnes qui y vivront et elle ne souhaite pas poursuivre cette activité. Françoise Gaudibert quitte Paris pour participer à une recherche, au Creusot, sur l’architecture industrielle, dans un écomusée. Elle décrit l’objet de la recherche, l'équipe de trois autres personnes avec lesquelles elle travaille, la rencontre avec les habitants, ouvriers la journée et s'occupant de leur terre le reste du temps. Elle décide ensuite de retourner vivre à Toulouse. À cette époque, elle côtoie un groupe féministe. Elle débute également des cours du soir à l'EHESS, en ethnologie, cours délivrés par l'anthropologue Daniel Fabre, puis s'inscrit l'année suivante à la faculté, en sociologie. Elle rédige son mémoire de maîtrise sous la direction de Claude Rivals, tout en travaillant, en dehors du milieu de l'architecture. Elle étudie les écoles et la discipline scolaire à travers le mobilier et l’architecture, dans les vallées de l'Oueil et du Larboust, dans les Pyrénées. C'est ce sujet qu'elle propose aux étudiants de l'école d'architecture de Toulouse où elle enseigne pendant une année. Puis, en 1981, dans le cadre de la décentralisation portée par le président François Mitterrand, elle est sollicitée pour travailler à la création d'un centre culturel ethnologique sur les huit départements pyrénéens. Elle est chargée d'études en ethno-muséologie et découvre le fonctionnement des administrations. Ses compétences en architecture permettent l'obtention de budgets pour des projets sur l’architecture industrielle des moulins ou sur les infrastructures hydrauliques. En 1987, Françoise Gaudibert est sollicitée pour un poste d'enseignante vacataire à l'école d'architecture de Toulouse. Avec du recul, elle éprouve de la satisfaction d'avoir vécu ces différentes expériences professionnelles qui lui ont permis de compléter sa formation, avant d'enseigner. Il lui semble que les cours de sociologie intéressent moins les étudiants d'aujourd'hui, cette discipline étant souvent dévalorisée au sein de l'école. Françoise Gaudibert est invitée à raconter plus en détails son enseignement à l'école. Elle y entre pour effectuer un remplacement et travaille en binôme avec le sociologue Gérard Ringon, avec lequel elle débute ses travaux de recherche, notamment sur la profession d'architecte. Pour elle, la recherche nourrit l'enseignement. Elle est titularisée dans les années 1990. Auparavant, incertaine de son statut de vacataire à l’École régionale d'architecture de Toulouse (ERAT), elle occupe également un poste au Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) dans le département du Lot. Elle doit en parallèle suivre des cours à Paris pour avoir le statut d'architecte des bâtiments de France. Cette situation de double emploi étant une impasse administrative, elle cesse cette activité. Elle décrit également qu'à cette époque, elle conduit une trentaine d'entretiens auprès d'étudiants architectes des bâtiments de France, à Paris et dans toute la France et relate l'un d'entre eux, auprès d'une architecte qui décrit le manque de considération auquel elle était confrontée sur les chantiers. Françoise Gaudibert se servira de ce travail pour son DEA, sur les architectes du patrimoine, puis informe l'enquêtrice que si elle avait poursuivi par une thèse, elle aurait souhaité travailler sur les femmes en architecture. Elle y renonce pour différentes raisons, ce que d'aucuns ont pu lui reprocher. Elle rappelle que la place des femmes en agence n'était pas égale à celle des hommes et que dans son cas, ses travaux de recherche étaient toujours publiés en citant son nom dans le meilleur des cas, mais toujours avec la mention « sous la direction de ». Elle évoque qu'un de ses traits de personnalité – la timidité – a pu induire ces comportements vis-à-vis d'elle. Elle s’est intéressée à comprendre comment les enseignements étaient reçus par les étudiants, en réalisant des entretiens. Revenant sur la place de l’enseignement des sciences humaines à l'ERAT, elle se souvient de tensions entre l'enseignement en atelier et en séminaire, certains enseignants donnant leurs cours sur les plages horaires de son propre enseignement. Elle évoque sa collègue Corinne Sadokh qui avait davantage de poids, car elle avait travaillé comme architecte libérale. La conversation vient sur l'écriture dans les travaux académiques et sur divers thèmes étudiés par Françoise Gaudibert, comme le quartier Empalot à Toulouse. Enfin, Françoise Gaudibert, aujourd'hui retraitée depuis 2010, décrit le travail de chercheuse qu'elle a conduit pour une association qui menait un projet d'habitat participatif. Elle retrace également son implication actuelle dans une recherche action participative intitulée RAPSoDIÂ, portée par l'association Hal'âge autour des nouvelles façons d’habiter dans la vieillesse, conjointement avec d'autres femmes chercheuses. Tout au long de l'entretien, Françoise Gaudibert donne de nombreux détails sur les différents thèmes abordés et consignés dans ce résumé.

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