1 février 2021
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Marie Percot et al., « Comment s’ouvrir les frontières du monde ? La migration des infirmières indiennes », Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, ID : 10.4000/books.editionsehess.21957
Presque toutes les jeunes femmes indiennes qui, aujourd’hui, optent pour la profession d’infirmière le font avec le but affiché d’émigrer : le diplôme d’infirmière est ainsi considéré comme un véritable passeport pour le monde, d’autant que de plus en plus de pays cherchent à les recruter. Le parcours migratoire des infirmières indiennes (dont presque toutes viennent du Kerala) s’est ainsi complexifié depuis ces dix dernières années : débutant par une migration interne vers les grandes métropoles indiennes, il débouche ensuite sur un séjour plus ou moins long dans le Golfe et se poursuit de plus en plus souvent en Occident où les jeunes infirmières pensent s’installer.Pour cette nouvelle génération d’infirmières, la migration est certes en partie une nécessité économique, mais elle représente surtout une stratégie de vie : c’est une façon pour elles, en tant que femmes, de gagner en autonomie et en indépendance, une façon d’échapper à la pression sociale qui s’exerce dans leur propre pays et qu’elles ressentent comme trop pesante et comme trop éloignée de leurs aspirations.L’objectif de cet article est de décrire et d’analyser ces stratégies migratoires, les changements induits par la migration dans leur statut en tant que femme et infirmière, ainsi que les réseaux féminins qui se sont mis en place au fil du temps. Un autre aspect pris en compte est l’émergence de « territoires » kéralais induits par la migration aussi bien dans des métropoles indiennes comme Delhi que dans certains pays du Golfe ou plus récemment dans quelques pays occidentaux.