19 octobre 2016
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Philippe Crabbé, « « Laudato si’», une responsabilité cosmique de la maison commune », VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement, ID : 10.4000/vertigo.17692
Laudato si’ est un long document, qui adopte essentiellement la position traditionnelle des environnementalistes y compris l’interdisciplinarité. Son auteur se déclare sans réserve en faveur du développement durable et des actions climatiques basées sur le principe de précaution et sur celui de la responsabilité commune mais différenciée, qu’il considère comme des obligations morales. Comme une lettre encyclique est avant tout un document religieux et éthique, elle nous enjoint de changer nos relations entre nous et avec la nature, de relations de domination – domination qu’il qualifie de péché, qui affecte donc nos relations avec le Dieu trinitaire - à celles de fraternité. La nature est personnalisée à la manière de Saint-François-d’Assise, patron de l’écologie. C’est une des raisons pour lesquelles le pape appelle son encyclique sociale plutôt qu’environnementale. Celle-ci rappelle la priorité à donner aux plus pauvres auxquels elle assimile la nature aujourd’hui. L’encyclique constitue une attaque virulente contre le capitalisme, son éthique utilitariste et sa priorité donnée au progrès technologique et au consumérisme, qui tous deux selon elle réduisent notre liberté. Elle croit que la crise écologique a une solution et que celle-ci réside, grâce à l’éducation, dans une conversion écologique sur le modèle de la Trinité, conversion qui est d’abord spirituelle et culturelle, à la fois individuelle et communautaire. Il faut abandonner le consumérisme pour la sobriété, la culture de la domination de l’autre et de la nature au bénéfice de la fraternité avec l’un et l’autre. Avec l’encyclique, l’écologie de périphérique devient centrale au message chrétien. Laudato si’ n’est pas un grand texte mais plutôt un grand acte de leadership.