2011
Cairn
Davide Lombardo, « Se baigner ensemble : Les corps au quotidien et les bains publics parisiens avant 1850 selon Daumier », Histoire urbaine, ID : 10670/1.5ytsf4
En 1839, Honoré Daumier commence à publier des lithographies dédiées aux baigneurs, qui, l’été, se délassent dans les établissements ouverts en bord de Seine. La pratique des bains était alors l’objet d’une réglementation de plus en plus stricte, dans une ville qui dans les années trente et quarante, allait subir de profondes transformations (même si celles-ci furent moins spectaculaires que celles des années cinquante) : pavage des rues, système d’égouts. Daumier fait un usage très original de ses baigneurs, usage qui se situe bien au delà des productions dominantes de l’époque visant à représenter le corps du baigneur - hygiénique, sociale, érotique ou esthétique. Daumier se moque de la culture hygiéniste (et des tensions entre classes) qui touche au thème des bains. Il subvertit le corps idéal bourgeois en le dévoilant dans toute son animalité, mais en même temps, il se refuse à adopter un regard érotique quand il figure des scènes de sociabilité. La stratégie de Daumier n’est pas celle d’une résistance ou subversion des idées et valeurs reçues à propos du corps, il s’agit plutôt d’une affirmation de l’expressivité du corps lui-même et d’une recherche sur son quotidien.