2024
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https://hdl.handle.net/20.500.13089/11ydk
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https://doi.org/10.4000/11ydk
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Thomas Chopard, « Regard sur l’historiographie et la mémoire du Holodomor. Qualification de génocide et paradigme de la Shoah », Revue d'histoire culturelle
Une part considérable de l’historiographie du Holodomor, la famine qui a frappé l’Ukraine en 1932-1933, gravite autour de la qualification de génocide. Cet effort intense des historiens pour aboutir à cette qualification s’inscrit dans un processus pluriel, scientifique, mémoriel et politique qui passe par des efforts de commémoration dans les années 1980 par la diaspora ukrainienne, dans un climat de fort anticommunisme, par une historiographie précoce marquée notamment par l’influence directe de Raphaël Lemkin, concepteur de la notion de génocide, et par des politiques mémorielles d’ampleur au cours des années 2000 en Ukraine. Ce processus aboutit à la condamnation pour crime de génocide des principaux responsables soviétiques en 2010, épisode judiciaire dans lequel le travail historique a été tout à la fois reversé et mobilisé. L’article insiste aussi sur le rôle majeur joué par le paradigme représenté par l’histoire et la mémoire de la Shoah dans l’élaboration des politiques mémorielles et scientifiques qui ont entouré l’analyse des événements survenus en Ukraine après la collectivisation. Le concept de génocide apparaît ainsi comme un élément majeur dans le renforcement des comparaisons entre différents épisodes de violences de masse, mais aussi dans le fait de souligner leurs différences.