L’abeille mellifère (Apis mellifera unicolor) à Mayotte

Fiche du document

Date

2024

Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
  • 20.500.13089/12a67
Relations

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2267-2419

Ce document est lié à :
https://hdl.handle.net/20.500.13089/12a6a

Ce document est lié à :
https://doi.org/10.4000/12a6a

Organisation

OpenEdition

Licences

info:eu-repo/semantics/openAccess , https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/


Résumé Fr En

Les relations entre les Mahorais et l’abeille mellifère (A. m. unicolor) sont peu documentées bien que le miel soit, comme dans de nombreuses régions du monde, un produit recherché pour ses bienfaits et ses propriétés médicinales. Dans la religion musulmane, très largement majoritaire à Mayotte, le miel est appréhendé comme une substance de différentes couleurs qui apporte la guérison (Sourate 16, An-Nahl, v. 69). L’identité multiculturelle de l’archipel et l’évolution récente de la société questionnent la place qu’occupe cet insecte dans les représentations sociales, religieuses et les pratiques sociales. Les témoignages recueillis lors d’entretiens semi-directifs (35) indiquent combien, à Mayotte, les abeilles sont valorisées en raison des services qu’elles rendent à l’homme. Le sentiment d’un net recul de l’utilisation du miel dans les foyers est cependant unanime. Cela procéderait autant d’une évolution dans les représentations et les pratiques locales que d’une difficulté croissante à se procurer un miel authentique. C’est sans doute aussi pourquoi la cueillette du miel en forêt reste un marqueur identitaire dans la culture mahoraise. Plus surprenant, un autre produit a été évoqué lors des entretiens, il s’agit du couvain ouvert. À la différence du miel, un clivage fort apparaît dans les opinions, il dépasse les générations. Pour les uns, consommer des larves et des nymphes d’abeilles suscite le dégoût ou laisse le sentiment d’un « gaspillage » puisque l’on prive la colonie de futures ouvrières. Pour d’autres personnes interrogées, le couvain ouvert est un aliment exceptionnel devenu très rare. Encore récemment, une manière simple de s’affranchir de la cueillette en forêt était de réussir à piéger un essaim dans son champ et à conserver les colonies d’abeilles le plus longtemps possible. La propension d’A. m. unicolor à déserter les cavités d’arbres champêtres, obligeait leurs propriétaires à une collecte parcimonieuse de miel et à éviter le prélèvement du couvain. À Mayotte, l’abeille mellifère reste perçue comme un animal sauvage, d’où le regard incrédule, voire suspicieux, jeté sur le développement de l’apiculture moderne dans l’archipel. Certaines personnes rencontrées, les plus jeunes souvent, s’inquiètent des conséquences de l’élevage sur le comportement de l’insecte, quand d’autres s’interrogent sur la qualité du miel produit dans des ruches à cadres mobiles.

The relationship between the Mahorans and the honey bee is not fully documented. Honey is a product that is sought after worldwide due to its benefits and medicinal properties. According to the Muslim religion, which has a large majority in Mayotte, honey is viewed as a healing substance of different colors (Sura 16, An-Nahl, v. 69). The place of this insect in social and religious representations and social practices is being questioned due to the archipelago’s multicultural identity and recent evolution of society. Semi-structured interviews (35) have revealed the high value placed on bees in Mayotte for the services they provide to humans. However, the use of honey in the home is clearly declining, as everyone agrees. The increasing difficulty of obtaining authentic honey and changes in local representations and practices are both responsible for this. The reason why collecting honey in the forest remains a marker of identity in Mahoran culture is undoubtedly because of this. Surprisingly, another product was mentioned during the interviews: open brood. Unlike honey, there is a significant divide in opinion that goes beyond generations. Eating bee larvae and pupae is seen by some as a disgusting or wasteful experience, as it prevents the colony from having future workers. According to other respondents, open brood is an exceptional food product that is no longer accessible. Until recently, catching a swarm in your field and keeping bee colonies for as long as possible was an easy way to prevent honey hunting in the forest. A. m. unicolor owners had to be cautious about removing brood and collecting honey sparingly due to the bee’s tendency to leave rural tree cavities. Due to Mayotte’s perception of the honeybee as a wild animal, there is an incredulous and even suspicious attitude regarding the recent development of modern beekeeping on the archipelago. Some respondents expressed concern about beekeeping’s impact on insect behavior, while others doubted the quality of honey produced in mobile-frame hives.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines