« Une génération de série B »

Résumé Fr En

Pour Régis Debray, l’un de nos plus féconds mémorialistes, les mémoires ont l’avantage, sur l’autobiographie, de dépasser l’histoire individuelle dans une histoire collective. Debray, qui fut proche de Castro, Guevara et Mitterrand, se fait ainsi le témoin d’une génération – celle des baby-boomers – qui a cru à la grande Histoire mais n’était qu’« une génération de série B ». S’il admire ses prestigieux prédécesseurs (Retz, Chateaubriand…), comme écrivain Debray n’en est pas moins un mémorialiste original : par la primauté radicale de la pensée conceptuelle sur le récit ; par l’autodérision, constante ; par la démystification carnavalesque de la politique. La France étant « sortie de l’Histoire », le ton du mémorialiste tourne à la parodie de l’épopée. Enfin Debray brille par son style, oratoire et fougueux.

For Régis Debray, one of our most prolific memoirists, memoirs have the advantage over autobiography of transcending individual history into collective history. Debray, who was close to Castro, Guevara and Mitterrand, bears witness to a generation – the baby-boomers – who believed in History, but were only « a B-generation ». While he admires his prestigious predecessors (Retz, Chateaubriand…), as a writer Debray is no less an original memoirist: through the radical primacy of conceptual thought over narrative; through constant self-mockery; through the carnivalesque demystification of politics. With France « out of history », the memoirist’s tone turns to parody of the epic. Last but not least, Debray shines with his fiery, oratorical style.