2024
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https://hdl.handle.net/20.500.13089/12f30
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https://doi.org/10.4000/12f30
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Emmanuelle Fantoni, « Ernesto d’Umberto Saba : la portée métapoétique de l’hybridité », TRANS-
Umberto Saba, poète et prosateur italien de la première moitié du XXe siècle, a toujours été considéré en marge des productions culturelles contemporaines. Le Chansonnier et Ernesto sont les deux œuvres que l’histoire littéraire retient comme majeures. Qu’il s’agisse du recueil de poèmes ou du bref roman inachevé, la critique s’est accordée pour retenir surtout la dimension autobiographique des œuvres. Bien que les indices d’investissement autobiographique constellent l’œuvre, une telle vision est trop réductrice car l’œuvre d’Umberto Saba, et tout particulièrement Ernesto, développe également une réflexion métapoétique qui investit tous les niveaux du texte et s’articule autour de la notion d’hybridité. Dans cette optique, l’article s’attache à montrer comment la double hybridation constitutive du roman, tant microtextuelle que macrotextuelle, confère à ce « petit livre » une dimension métapoétique puissante. Ainsi, après l’analyse de la construction identitaire particulière du protagoniste, l’article analyse comment l’œuvre devient la caisse de résonance formelle du personnage hybride ou, autrement dit, comment l’alternance entre l’usage du dialecte triestin et de l’italien standard et plus spécifiquement l’hybridation linguistique consciente est synonyme de transgression des codes. La transgression des codes se marque également dans la mise en œuvre du roman. En effet, l’article s’attache ensuite à présenter la multiplicité et la complexité du roman d’un point de vue formel : non seulement Ernesto questionne la finitude et la complétude d’une œuvre littéraire en jouant sur l’ambiguïté de l’énonciation, mais en outre, la dissémination de nombreux éléments théâtraux discrets crée une superposition du code théâtral et du code romanesque dans une dynamique intergénérique homogène. L’analyse montre qu’à nouveau il s’agit non d’une juxtaposition, mais bien d’une fusion des genres littéraires. Il ressort dès lors de notre étude qu’Ernesto constitue une œuvre qui ouvre les possibles, dans laquelle l’hybride devient une force créatrice pouvant investir les textes de sens multiples et les questionner sur leur nature profonde.