2024
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https://hdl.handle.net/20.500.13089/12siq
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https://doi.org/10.4000/12siq
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François Hou, « Un itinéraire distinct du simple prêtre ? », Archives de sciences sociales des religions
Le xixe siècle concordataire est marqué par une transformation profonde du recrutement sacerdotal : les vocations proviennent désormais massivement du monde paysan tandis qu’elles deviennent très rares dans la bourgeoisie comme dans l’ancienne noblesse. S’interroger sur les perspectives de carrière qu’ouvre dans la première moitié du xixe siècle l’entrée dans l’état ecclésiastique à partir du cas des chanoines des chapitres reconstitués dans les cathédrales françaises à partir de 1802 donne l’occasion d’examiner la place qu’occupe la vocation sacerdotale dans la société française postrévolutionnaire. En effet, plusieurs évêques, dans les premières années du Concordat, désignent le canonicat comme un état analogue à celui qu’occuperaient dans le monde les enfants de la bourgeoisie. Revaloriser le canonicat, dont l’évêque peut désormais librement disposer grâce à son monopole sur les nominations aux titres ecclésiastiques, serait ainsi un moyen de favoriser l’éclosion de vocations parmi les enfants des élites. Les chanoines du xixe siècle présentent incontestablement un profil social distinct de la majorité des prêtres de l’époque concordataire : les prêtres issus des couches supérieures de la société sont surreprésentés au sein des chapitres. Cependant, si les ecclésiastiques socialement favorisés bénéficient d’avantages indéniables pour obtenir le canonicat, la disparition de l’ancien système bénéficial, la nécessité, dans les deux premières décennies du siècle, d’affecter aux paroisses les jeunes prêtres et l’affirmation d’une conception méritocratique de la carrière cléricale empêchent le canonicat de redevenir l’horizon naturel de la vocation pour les fils de la bourgeoisie : le canonicat cesse en effet d’être un état pour devenir une étape, ou, plus souvent, l’aboutissement possible d’une carrière ecclésiastique normalisée.