2025
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https://hdl.handle.net/20.500.13089/131p4
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https://doi.org/10.4000/131p4
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Henri Louis Go, « La fabrique des écoliers, ou l'enfance enfermée », Recherches en éducation
Succédant aux tentatives asilaires du début du XIXe siècle, la forme scolaire telle qu'elle se matérialise dans l'appareil scolaire républicain à la fin du XIXe siècle a permis d'enrégimenter une partie de la population : l'enfance fut ainsi soumise à des geôliers praticiens d'une orthopédie sociale. Les promesses de la forme scolaire de socialisation et d'éducation de l'enfance s'avèrent être, dans sa construction historique, une tromperie. Le confinement scolaire est ainsi un bornage de l'être, une mise à sa place de l'élève. Le monde n'entre pas dans la classe qui reste désespérément vide. Que fait-on alors dans la salle de classe, si l'on ne doit y faire que ce que l'on fait ? Pour Hannah Arendt, l'institution scolaire est censée s'intercaler entre la famille et le monde pour faire transition car l'institution scolaire relève de la sphère prépolitique et l'on ne peut prétendre y forger, en agissant sur les nouveaux venus, un projet de transformation politique : les enfants ne peuvent ni ne doivent prendre part au monde. La forme scolaire classique est donc le premier acte d'une entreprise d'aliénation qui dépossède chacun de sa propre existence par des institutions d'enfermement. L'idée républicaine est liée à un modèle éducatif qui pense le gouvernement des enfants comme une fabrique de la passivité consentante et consensuelle. Ouverte en 1934 sur la colline du Pioulier à Vence, l'École Freinet est quant à elle un conservatoire pour l'enfance. Mais cette école n'est donc ni un espace clos « protégé des bruits extérieurs », ni un espace seulement intermédiaire où le monde n'entrerait que « représenté ». Elle constitue une alternative au mal-vivre qui pèse sur les écoliers.