Faire l’histoire de la Guerre civile et de la dictature espagnole à l’aune du « tournant forensique »

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Depuis les années 2000, l’Espagne a connu un fort mouvement d’exhumations des fosses communes des morts de la guerre civile et de l’après-guerre. Il fut surtout le fait des archéologues, des médecins légistes et des chercheurs en anthropologie biologique et culturelle et les historiens y jouèrent au départ un rôle mineur. Ils ne commencèrent à prendre en compte les données fournies par ces spécialistes pour analyser la violence de ces années comprises entre 1936 et 1945 que très récemment. Cet article montre que ces exhumations et les travaux interdisciplinaires qu’elles produisirent sont devenus une source fondamentale pour l’analyse historique de la violence pendant la guerre civile et l’après-guerre espagnole.

Since 2000, Spain has experienced a process of exhumation of mass graves of the dead of the civil war and the post-war period. Historians initially played a minor role. It was mainly attended by archaeologists, forensic doctors and researchers in physical and cultural anthropology, historians having only begun to take into account the data provided by these specialists to analyze the violence of these years between 1936 and 1945. The article shows how the exhumations of the graves and the interdisciplinary relationships they produced became a fundamental source for the historical analysis of violence during the Civil War and the post-Spanish War.