2023
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https://hdl.handle.net/20.500.13089/132lq
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https://doi.org/10.4000/132lq
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Marie-Madeleine Bertucci, « De Bernstein à Labov, la complexité des pratiques langagières : un facteur de hiérarchisation et de discrimination sociales et scolaires », Société d’histoire et d’épistémologie des sciences du langage
L’étude se propose, dans une perspective de compréhension de l’évolution des théories linguistiques, de mettre en évidence les stéréotypes attachés aux parlers non normés et à leur défaut de complexité à partir de la notion de code restreint développée par Bernstein (1975) et de celle de vernaculaire noir américain élaborée par Labov (1978). Basil Bernstein construit une théorie de l’apprentissage du langage, selon laquelle le développement linguistique de l’individu dépend de la classe sociale à laquelle il appartient. Cette analyse lui permet de singulariser la relation au langage de chaque groupe social et d’en déduire l’opposition inégalitaire et clivante fondatrice de sa théorie entre le langage formel ou code élaboré, apanage des classes sociales les plus favorisées et le langage commun ou code restreint, parlé par les membres des classes les plus stigmatisées socialement et économiquement. Il construit pour ce faire une typologie des traits linguistiques propres à chacun des deux codes. La théorie du code restreint de Bernstein et les discriminations sociales fortement minorantes qui en découlent ont été vivement critiquées par William Labov, dans les travaux qu’il a consacrés à l’étude de la variété de langue parlée dans les ghettos de New York, dans les années soixante, par les jeunes Noirs. Labov a dénoncé le stéréotype ethnicisé, véhiculé par le discours commun, visant à isoler un parler spécifique identifié comme celui des Noirs, assignés à résidence dans ces lieux urbains ségrégués, qu’il nomme le vernaculaire noir américain ou VNA. Le VNA serait responsable, pour l’opinion commune, du taux élevé d’échec scolaire observable dans ces espaces. Or Labov rejette cette conception et attribue les difficultés scolaires des jeunes de ces ghettos aux différences linguistiques entre leur parler et l’anglais standard des enseignants. Ces différences de structures jointes à des différences de fonctions entre les deux variétés, expliqueraient pour partie les réticences de ces jeunes à apprendre une langue ressentie comme distante, dans un contexte susceptible d’être perçu comme hostile et déstabilisant. Enfin, il dénonce l’illusion que le vernaculaire noir américain constituerait un code autonome distinct de l’anglais standard.