2024
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https://hdl.handle.net/20.500.13089/1365f
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https://doi.org/10.4000/1365f
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Jean Capeille, « Le placard éditorial de l’abstraction chorégraphique », Genre en séries
À la fin des années 1950, des critiques états-unien.es débattent des spectacles d’une nouvelle avant-garde chorégraphique. Leurs comptes-rendus regroupent parfois ces œuvres sous les vocables de danse « abstraite » ou « avant-gardiste ». En parallèle à ces catégories, il n’est pas rare de croiser, dans leurs colonnes, des lexiques liés au queer dans ses diverses acceptions et notamment stigmatisantes. Certains de leurs termes font ainsi écho aux mots que le maccarthysme avait récemment popularisés pour discriminer les minorités sexuelles et leur imposer les nécessités du placard. Du côté de la défense de cette avant-garde, un jeune interprète nommé David Vaughan propose, dans le courrier des lecteurs de Dance Magazine en 1958, de penser celle-ci sous l’angle d’une « approche non-éloquente ». En refusant que le corps parle, sa valorisation d’une danse transparente – limitée à ses seuls mouvements, à voir plutôt qu’à interpréter – n’est pas sans continuer à alimenter « l’épistémologie du placard » structurée autour de la séparation entre le privé et le public, le visible et le dissimulé, les non-dits et le non-dire. Par-delà ces lignes de front, cet article se propose d’explorer, à travers la notion de « placard éditorial », les dynamiques critiques pre-Stonewall de l’abstraction chorégraphique.