2024
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https://hdl.handle.net/20.500.13089/138ql
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https://doi.org/10.4000/138ql
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Céline Hervet, « Un fantôme dans la machine. Esprit de corps et survie de l’État chez Bourdieu et Deleuze-Guattari », Astérion
Transposant sur le plan politique le problème épineux de l’union du corps et de l’esprit, cet article s’interroge sur ce qui produit la cohésion du corps politique, à travers une enquête sur la genèse et la survie de l’institution étatique au prisme de la notion d’esprit de corps. Si Bourdieu s’appuie sur les travaux de Kantorowicz pour penser la genèse de l’État moderne à travers la sécularisation progressive de l’idée d’incarnation du corps collectif par le souverain sous la forme d’une adhésion sans faille au corps collectif incorporé qui se donne à voir dans le lien indéfectible unissant entre eux par-delà le temps et la mort les membres des grands corps de l’État ; Deleuze et Guattari, dans leur hétérogenèse de l’État, mobilisent Ibn Khaldûn, qui confère à l’esprit de corps un rôle moteur dans l’histoire des États, leur croissance comme leur déclin. Le croisement de ces deux corpus met au jour l’ambivalence de l’esprit de corps, ferment d’union et de cohésion du corps politique nécessaire à la naissance comme à la survie de l’État, mais qui, par sa nature même, peut le fragiliser. Soit que ce lien qui unit les individus se distende au sein de la société civile à mesure que les relations contractuelles supplantent les liens affectifs. Soit qu’en favorisant une autonomisation de certains groupes au sein même de l’appareil d’État et de la société, il hante la machine de l’État comme un fantôme et menace son unité et la préservation de l’intérêt général dont il est le garant.