2024
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https://hdl.handle.net/20.500.13089/13jhn
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Horng-luen Wang, « Can We Live Together? », Presses de l’Inalco
Avec les vagues de démocratisation et d’indigénisation commencées dans les années 1990, des « booms de la mémoire » sont apparus à Taïwan. Les souvenirs refoulés, les périodes oubliées et les traumatismes indicibles de l’ère autoritaire sont (re)découverts, remémorés et (re)racontés. L’incident du 228, la Terreur blanche des années 1950 et les souvenirs du peuple taïwanais sous la domination coloniale japonaise sont quelques exemples notables de ce phénomène. Les agences gouvernementales, les politiciens, les universitaires, les élites culturelles, les militants de base, les médias et même les entreprises s’empressent de participer à la construction de nouvelles mémoires sur les époques du passé. Parfois désignés sous le nom de justice transitionnelle, ces booms de la mémoire impliquent non seulement la reconstruction d’une nouvelle communauté imaginée, mais aussi un changement de paradigme dans l’horizon moral. Il remet en question l’ancienne orthodoxie en générant des manières beaucoup plus diversifiées, la plupart du temps divergentes et contradictoires, de se souvenir, de (ré)interpréter et de (ré)évaluer le passé. Ce faisant, les personnes ainsi impliquées ont également tenté d’établir un nouveau paradigme qui se veut plus démocratique, pluriel et inclusif. Quels effets de tels booms mémoriel peuvent-ils avoir sur l’avenir de Taïwan en tant que communauté politique ? La divergence des mémoires rendra-t-elle plus difficile la réconciliation entre les différents groupes de personnes, qui ont tendance à avoir des points de vue contradictoires sur le passé ? S’appuyant sur les écrits de Pierre Nora et de Paul Ricœur, entre autres, cet article explore les réponses aux questions ci-dessus en réfléchissant à trois aspects de ces booms mémoriels : la phénoménologie de la mémoire, l’épistémologie de l’histoire et l’herméneutique du présent. Pour mieux évaluer les réponses possibles, ces essors de la mémoire doivent être compris non seulement en eux-mêmes, mais aussi à la lumière des contextes régionaux et mondiaux dans lesquels Taïwan s’est inscrit.