La construction et l’entretien de l’enceinte médiévale de la ville de Metz ont nécessité de grandes quantités de matériaux, l’emploi d’ouvriers qualifiés et la mise en place d’une gestion efficace des différents chantiers. L’étude des paiements dans la comptabilité des Gouverneurs des Murs, et plus particulièrement ceux des comptes détaillés de 1484 et 1494, permet d’identifier plus d’une vingtaine de corps de métiers spécialisés qui emploient des matériaux de diverses natures.La pierre est évidemment un matériau incontournable. Au départ, les blocs étaient prélevés dans les carrières du mont Saint-Quentin, mais progressivement, les chantiers vont être alimentés par des pierres issues des carrières de Ranconval (aujourd’hui Ranguevaux), ou par des pierres de remploi. Extraites par les carriers, elles sont transportées par des charrons jusqu’aux chantiers où elles sont ensuite taillées par des maçons spécialisés. La chaux fabriquée à partir de pierres calcaires, si abondantes dans la région, est produite autour de Metz et est livrée par des chaufourniers. Quant au sable nécessaire à la réalisation du mortier, il est extrait sur les berges de la Seille ou directement dans le lit de la Moselle. Cette technique n’est pas sans conséquence sur le cours de la rivière. À plusieurs reprises, les magistrats sont contraints de légiférer pour limiter les phénomènes d’affouillement. De grandes quantités de bois sont également nécessaires pour entretenir l’enceinte. De différentes essences, celui-ci est coupé par des charpentiers dans les forêts avoisinantes ou provient des forêts de conifères des Vosges. Transporté par flottage, ou par des charrons, le bois est équarri et scié. Il est ensuite utilisé pour la fabrication de charpentes, mais aussi pour réaliser les grilles qui équipent les ponts. Nécessaire à la construction de grues ou « d’engins » à enfoncer les pieux, le bois est présent sur tous les chantiers de l’enceinte. Achetées en « provision », les planches sont stockées dans les trois principales granges de la ville. De nombreux corps de métiers travaillent le fer et réalisent des outils, des agrafes ou encore des sabots métalliques pour renforcer la tête des pieux. Le plomb est quant à lui fondu sur le fer pour limiter l’oxydation de celui-ci. De grandes quantités de clous sont nécessaires aux différents travaux menés sur l’enceinte, notamment pour la couverture des bâtiments. Enfin, plus discrète, l’utilisation du verre et la réalisation de verrières et de fenêtres permettent d’apporter de la lumière naturelle dans les portes, les tours et les chambres sur les ponts. Fragiles face aux intempéries, ces installations sont protégées par des volets de bois.Au quotidien, l’encadrement des chantiers devait donc être efficace. Le maître d’ouvrage devait compter sur un maître d’œuvre compétent à l’image d’Henri de Ranconval sur le chantier de la porte des Allemands en 1444. Souvent maître-maçon ou maître charpentier d’origine, le maître d’œuvre veillait en effet au bon déroulement des travaux, à l’approvisionnement en matériaux et à l’embauche des ouvriers. Un sergent lui était adjoint pour assurer la sécurité du chantier et conduire les manœuvres et les corvéables. Sur le terrain, le clerc des Gouverneurs des Murs rédigeait la comptabilité des chantiers, notant l’absence des ouvriers, l’achat de matériaux et versant chaque semaine le salaire aux travailleurs en fonction du nombre de jours travaillés et de la période de l’année.Les travaux réalisés sur l’enceinte sont donc nombreux et variés à l’image de l’ensemble des corps de métiers employés et les comptes des Gouverneurs des Murs constituent une source incontournable pour comprendre le déroulement des chantiers.
The construction and maintenance of Metz medieval city wall required large quantities of materials, employment of skilled workers and the establishment of an effective management of the various sites. The payments study in the accounts of the Gouverneurs des Murs (Walls Governors), particularly detailed accounts of 1484 and 1494, identified more than twenty specialized trades employing materials of various kinds.The stone was obviously an indispensable material. Initially, the blocks were taken from the quarries of Saint-Quentin mount, but gradually, yards would be supplied by stones from Ranconval quarries (today in Ranguevaux), or reused stones. Extracted by carriers, they were transported by wheelwrights to the sites, where they were carved by skilled masons. The lime produced from limestone, so abundant in the region, was produced around Metz and was delivered by lime burners. As for the sand necessary for mortar realization, it was extracted on the banks of the Seille, or directly into the Moselle bed. This technique had consequences on the course of the river. On several occasions, judges were forced to legislate to limit the scouring phenomena. Large wood quantities were also necessary to maintain the city wall. With different species, wood was cut by carpenters in nearby forests or came from Vosges coniferous forests. Transported by flotation, or wheelwrights, wood was hewn and sawn. It was then used for the manufacture of structures, but also to achieve the grids that powered the bridges. Needed to build cranes or “gear” to push piles, there was wood on every site of the city wall. Purchased as a “provision”, wooden planks were stored in the three city major barns. Many trades produced iron tools, staples or metal shoe to reinforce head piles. Lead was meanwhile melted on iron to limit oxidation. Large nails quantities were required for different works on the city wall, particularly in the buildings area. Finally, more discreet, glass using and production of skylights and windows allowed bringing natural light into the gates, towers and rooms on the bridges. Vulnerable to the weather, these facilities were protected by wooden shutters.Daily, supervising projects had to be effective. The builder had to rely on a competent project manager as Henry Ranconval on Porte des Allemands in 1444. Often mason master or carpenter master, the project manager indeed supervised the right working progress, materials supply and workers hiring. A sergeant assisted him to ensure the site safety, and to conduct maneuvers and bondsmen. On the ground, the clerk of Gouverneurs des Murs dealt with accounting of the various sites, noting workers lack, buying materials and paying weekly wages to workers, depending on the number of days worked and year period.Works on the city wall were numerous and varied, as shown by the multitude of trades used, and accounts of Gouverneurs des Murs was an essential source to understand the projects progress.
Der Bau und die Pflege der mittelalterlichen Stadtmauer von Metz haben eine große Menge Baustoffe und Facharbeiter erfordert. Eine wirksame Verwaltung der verschiedenen Baustellen war unabdingbar. Sehr informativ sind in diesem Zusammenhang die Einträge über Bezahlungen in der Buchhaltung der Gouverneurs des Murs („ Mauer-Gouverneure“), besonders die detaillierten Angaben der Jahre 1484 und 1494. Mehr als 20 verschiedene Fachberufe sind sichtbar, welche sehr unterschiedliche Baustoffe benötigten.Stein ist ein unumgängliches Material. Anfänglich werden die Steine aus den Gruben des Saint-Quentin-Bergs herausgezogen. Später stammten die Baustoffe schrittweise aus den Gruben von Ranconval (heute Ranguevaux) oder wurden nach der Zerstörung anderer Bauwerke wiederverwendet. Die Steine werden von den Steinbruch-Arbeitern gebrochen. dann von den Fuhrmännern bis zu den Baustellen transportiert und endlich von den Steinemtzen zugerichtet. Der Kalk wird unter Benutzung der reichen regionalen Kalksteinvorkommen hergestellt. Er wird in der Nähe von Metz produziert und von den Kalkbrennern befördert. Der Mörtel besteht aus ausgebaggertem Sand der Seille-Ufer oder des Moselbetts – eine Technik, die nicht folgenlos für den Wasserlauf war. Mehrmals sind die Amtsinhaber gezwungen, Gesetzte zu erlassen, um die Erschließung einzuschränken.Auch große Mengen Holz sind notwendig, um die Stadtmauer zu pflegen. Verschiedene Baumsorten werden von den Zimmermännern in der Nähe von Metz oder in den Vogesen (Konifere) geschnitten. Für den Transport werden Flöße oder Karren benutzt. Das Holz wird danach gehauen und gesägt. Es wird u.a. für Dachstühle oder zum Bau von Brücken-Gitter genutzt. Das Holz auch für den Bau der Kräne und für die Geräte zum die Einschlagen der Pfähle auf jede Baustelle notwendig. In Metz gibt es immer einen Vorrat an Holz und die Bretter werden in den drei Hauptstadtscheunen gelagert.Mehrere Handwerksberufe bearbeiten das Eisen, um Werkzeuge, Klammern oder Verstärkungsteile für Holzpfähle herzustellen. Das Blei wird auf das Eisen gegossen, damit das Eisen nicht so schnell rostet. Auch große Mengen Nägel werden für die Stadtmauer benutzt, unter anderem für die Deckung der Gebäude. Seltener ist die Nutzung des Glases für Fenster und Glasdächer. So wird das Tagelicht in die Tore, Türme und Brücken-Räume gelassen. Da sie sehr zerbrechlich sind, werden die Glaselemente vor dem Unwetter mit Holzladen beschützt.Eine tägliche Betreuung der Baustellen war vonnöten. Der Bauherr zählte auf einen kompetenten Bauleiter, so wie Henri von Ranconval für das Deutsche Tor im Jahr 1444. Der Bauleiter, bei dem es sich oft um einen gelernten Maurer oder Zimmermann handelte, achtete auf den Fortschritt auf den Baustellen, auf die Belieferung der Baustoffe und auf die Anstellung der nötigen Arbeiter. Ein Unteroffizier wurde dem Bauleiter zur Seite gestellt, um die Baustellen zu sichern und um die Hilfsarbeiter und die Schinderei-Leute zu beaufsichtigen. Auf den Baustellen betreute der Gehilfe der Mauer-Gouverneure die Buchhaltung, das heißt Abwesenheit der Arbeiter, Kauf der Baustoffe, usw. Wöchentlich konnte er die Arbeiter unter Berücksichtigung der Anzahl der Arbeitstage und der Jahreszeit bezahlen.Demnach gab es viele unterschiedliche Baustellen an der Befestigung. Die Buchhaltung der Mauer-Gouverneure ist in diesem Kontext eine unumgängliche Quelle, um den Verlauf der Baustellen zu verstehen.