2025
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https://hdl.handle.net/20.500.13089/13zej
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Laurent PECH et al., « Henri Gignoux : une stratégie spatiale originale d’un industriel du XIXe siècle dans les Alpes du sud », Revue de géographie historique
Entre 1880 et 1931, la stratégie spatiale de l’entrepreneur Henri Gignoux se traduit par le développement de plusieurs activités industrielles dans le secteur du Buëch, dans les Alpes du sud. Les productions de glace naturelle, d’une eau minérale gazeuse, de l’hydroélectricité sont complétées par une scierie utilisée pour la fabrication des emballages des blocs de glace et des bouteilles d’eau gazeuse exportées dans tout le sud-est de la France mais aussi jusqu’en Asie et en Afrique du nord pour l’eau minérale. Henri Gignoux, originaire de Genève et initialement installé à Lyon, localise ses activités industrielles à Aspres-sur-Buëch, au cœur de ce secteur du Buëch, dans le département des Hautes-Alpes où il fait construire une demeure familiale au sein d’une propriété où il installe des arbres remarquables et le premier court de tennis des Hautes-Alpes. Patron innovateur, il équipe avant Marseille le village d’Aspres-sur-Buëch en éclairage électrique en équipant d’une centrale hydroélectrique la rivière locale, le Buëch. Il fait fabriquer à Marseille une des premières voitures de la marque Ripert, signe extérieur de son statut social de notable avec ses deux propriétés, à Marseille et à Aspres-sur-Buëch. Il est investi dans la sociabilité sociale au sein de clubs, comme le club automobile de Provence, ou le tennis club de Gap qu’il crée et dont il devient le premier président. Il intègre des comités et des organismes professionnels dans lesquels il noue de nombreuses relations avec d’autres entrepreneurs. L’approche géohistorique de cette stratégie révèle un emboitement des espaces investis par ce capitaine d’entreprise. Au niveau local, il achète du foncier, transforme et crée un réseau hydraulique, aménage des infrastructures industrielles et négocie des concessions pour exporter par le train ses productions. L’ensemble constitue le territoire de son emprise spatiale. Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, le modèle spatial du patron « territorialisateur », partagé par de nombreux entrepreneurs, se traduit par un ancrage local fort avec acquisition d’espaces fonciers occupés non seulement par les emprises industrielles et les infrastructures de transport mais aussi par les habitats des salariés qui prennent souvent l’aspect de cités ouvrières. Si Henri Gignoux appartient partiellement à ce modèle, notamment en n’ayant pas développé de cité ouvrière, il semble que les migrations saisonnières de travail, spécifiques du milieu et de l’espace montagnard, ont contraint les formes de la stratégie spatiale de ce patron d’industrie qui contribue à la révolution industrielle « douce » caractéristique de ces milieux de montagne.