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Damien Labadie, « Genèse du canon biblique éthiopien : de l’autorité apostolique aux controverses autour des Écritures (xive-xve siècles) », Médiévales
Avec ses 81 livres, la Bible éthiopienne est la plus vaste des Bibles chrétiennes, formée au fil d’une histoire complexe. Dès l’apparition des premières listes de livres bibliques dans le Sēnodos, collection canonico-liturgique du xive siècle, les témoins manuscrits attestent des divergences notables dans le titre, le nombre et la disposition de ces livres. De plus, aucun manuscrit de la Bible en langue guèze n’a jamais transmis la totalité de ces livres bibliques. Même les Bibles imprimées aujourd’hui en Éthiopie, qui prétendent inclure 81 livres, ne contiennent pas l’ensemble des livres reçus comme canoniques par la tradition et transmis par les listes du Sēnodos. Comment, dès lors, expliquer l’existence d’une tradition fixant un nombre de 81 livres alors qu’aucune Bible, manuscrite ou imprimée, ne les contient en réalité ? C’est au roi Zar’a Yā‘eqob (1434-1468) que l’on doit l’établissement et la diffusion de ce chiffre canonique de 81. Au moyen de son abondante œuvre doctrinale et apologétique, Zar’a Yā‘eqob, en s’efforçant d’unifier les pratiques religieuses des sujets de son royaume dans un contexte de controverses théologiques, s’évertua à défendre l’origine apostolique de la liste des 81 livres, prémunissant ainsi certains livres bibliques contre les attaques de chrétiens hétérodoxes qui en contestaient la canonicité.