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https://hdl.handle.net/20.500.13089/1407m
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Marc Thérage, « Esquisse d’une approche intersectionnelle de la loi du 15 mars 2004 sur le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics », Criminocorpus, revue hypermédia
La loi du 15 mars 2004 sur le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics est présentée par le législateur comme une simple application du principe de laïcité. Le titre de la loi ne mentionne en effet que la laïcité alors que les parlementaires insistent lors des débats sur l’égalité femmes-hommes, en affirmant que ce texte a pour objectif principal – si ce n’est le seul – de prohiber le port du foulard dans les établissements scolaires publics du premier et du second degré. Dès 2004, genre et religion supposée de femmes souvent racisées apparaissent ainsi curieusement liés. En s’appuyant sur la démarche intersectionnelle de Kimberley Crenshaw, et sur les postcolonial studies, cette critique de la loi de 2004, présentée comme « anti voile », et des discours qui l’entourent, permet de souligner l’existence d’une discrimination légale contre des femmes de couleur qui vivent une expérience discriminatoire spécifique, fondée tout à la fois sur le genre, la couleur de peau et/ou la religion réelle ou supposée, une scission imaginaire au sein des nationaux en distinguant celleux qui ont des parents ou des grands-parents qui ont immigré en France depuis les anciens territoires colonisés, l’âge, la condition sociale et/ou le lieu de résidence comme indice de milieu social d’origine… La neutralité apparente du texte de la loi de 2004 dissimule un cumul de facteurs discriminatoires. Ce texte, à la fois raciste et antiféministe, consacre une subjectivité blanche et masculine, pourtant présentée comme non raciale, non genrée et objective.