L’accouchement par césarienne en Turquie : décision médicale ou tendance imposée ?

Résumé Fr En

Le taux d’accouchements par césariennes en Turquie est le plus élevé des pays de l’OCDE : de 21 % en 2002, il est passé à 62,8 % en 2022 (MoH, 2024 : 89). Malgré les mesures de la « loi de la césarienne » de 2012, ce taux n’a pas fléchi. Cet article analyse, sur la base d’une recherche qualitative, les facteurs de cette évolution, en prenant en considération les perspectives des professionnel·le·s de santé et des mères, ainsi que les mesures prises par les autorités sanitaires pour le réduire. La question du choix des femmes concernant la méthode d’accouchement est intriquée dans la trame multidimensionnelle des relations sociales et politiques, tissée notamment par les débats publics, les représentations socio-culturelles de la naissance, le système de santé, la lourde charge de travail des professionnel·le·s ainsi que la recherche du confort organisationnel et l’évitement des risques.

The cesarean section delivery rate in Turkey is currently the highest among OECD member countries, and has increased from 21% in 2002 to 62,8 % in 2022. Despite the introduction of the “Caesarean section law” in 2012, this rate has not declined. Drawing on qualitative research, this article analyzes the factors underlying this trend, taking into account the perspectives of healthcare professional and mothers, as well as political measures taken by health authorities to reduce this rate. The issue of women’s choices of delivery methods is intertwined with the multidimensional network of social and political relations, including public debates, socio-cultural representations of childbirth, the healthcare system, the heavy workload of professionals and the search for organisational comfort and risk avoidance.