« Coproduire » la lutte contre la radicalisation 

Résumé Fr En

Réunissant régulièrement, sous l’égide des préfectures, des représentant·e·s d’administrations jugées compétentes en matière de lutte contre la radicalisation, les cellules de prévention de la radicalisation et d’accompagnement des familles (CPRAF) font cohabiter, derrière un objectif commun, des logiques institutionnelles et professionnelles distinctes. Cet article s’appuie sur deux enquêtes de terrain qui approchent ces espaces par leurs marges. Il vise à analyser ce que les CPRAF produisent chez les agent·e·s qui se positionnent du côté de la « main gauche » de l’État. Si la cohabitation contrainte entre des professionnel·le·s de la sécurité et de l’intervention sociale ne va pas sans susciter des tensions, ces réticences n’empêchent pas des formes de collaboration aux rétributions variées. Entre l’injonction à coopérer et l’enthousiasme à l’égard de ces nouveaux partenariats, c’est tout un panel de pratiques et de représentations qui se déploie, contribuant à la transformation des ethos professionnels et à la socialisation des agent·e·s de la prévention aux grilles d’analyse policières.

The French Prevention of Radicalisation and Families Support Units (CPRAF), supervised by the prefectures, bring together representatives of the administrations that are perceived as competent in the fight against radicalisation. They combine distinct institutional and professional logics behind a common objective. This article is based on two field surveys that approach these spaces through their margins. Its aim is to analyse how these units impact the work of the agents who position themselves on the side of the State’s “left hand”. While forced cohabitation between security and social practitioners produce some tensions, we still observe forms of collaboration bringing varying rewards. Between the injunction to cooperate and the enthusiasm for these new partnerships, a whole range of practices and representations unfold, contributing to the transformation of professional ethos and the socialisation of prevention workers to police frames of reference.