Rythmes et modalités d'approvisionnement en silex blond bédoulien dans le Chasséen du bassin de l'Aude : le cas d’Auriac, Carcassonne (Aude)

Résumé Fr En

Le site d'Auriac à Carcassonne (Aude) est un éperon barré contrôlant un passage sur l’Aude. Il a livré une des séries mobilières les plus importantes du Chasséen languedocien dans son étape classique. L'une des particularités de l'industrie lithique de ce gisement est d'être constituée presque intégralement en silex blond bédoulien originaire du Vaucluse. À partir de l'analyse de plusieurs assemblages lithiques provenant des divers secteurs d'Auriac, cet article propose de vérifier si l'approvisionnement en silex bédoulien a été stable ou variable pendant toute la durée de l'occupation du site, et si les modalités de son exploitation ou de son utilisation ont été homogènes ou distinctes selon les secteurs. Dans un second temps, les paramètres globaux d'Auriac ont été comparés à ceux d'autres sites contemporains du même ensemble territorial afin de déterminer si le site d'Auriac se différencie ou non des gisements alentour. Il s'agit notamment de vérifier si on peut le considérer comme une « place centrale » qui importait et redistribuait le silex blond bédoulien dans l'arrière-pays. Il ressort de ces comparaisons que la proportion de silex blond bédoulien est effectivement beaucoup plus forte à Auriac que sur les autres sites et que les importations concernaient des nucléus préformés et chauffés et de très rares lames non chauffées. L'essentiel des séries correspond à des pièces de la chaîne opératoire de production de lamelles par pression. Cette activité de débitage est bien attestée, surtout à l'intérieur du secteur fortifié du site. Les habitats de comparaison ont des proportions de silex bédoulien plus faibles mais étaient, eux aussi, engagés dans la production de lamelles sur nucléus importés déjà mis en forme, chauffés et testés. Dans l'abri sous roche de Font-Juvénal, un site essentiellement voué à l'élevage des caprinés, le déficit en pièces techniques fait envisager qu'une partie de l'équipement lithique utilisé n'avait pas été produit sur place. La proportion de lames non chauffées est d'ailleurs beaucoup plus forte sur ce site que sur les autres, laissant penser que les réseaux de diffusion des nucléus chauffés et des lames non chauffées ont pu fonctionner de façon séparée.

The settlement of Auriac (Carcassonne, Aude) is an enclosure controlling a passage on the Aude river. It has yielded a series of furniture, the most important in the Chassean of Languedoc, in his classical stage. One special feature of the lithic industry is to be formed almost entirely from bedoulian flint from the Vaucluse. Based on the analysis of several lithic assemblages from various sectors at Auriac, this article proposes to determine whether the supply of bedoulian flint was stable or variable during the period of occupation of the settlement, and if the practical details of the reduction or use were distinct or homogeneous from sector to sector. In a second time the global parameters of Auriac were compared with other contemporary sites of the same geographical unit to determine if the Auriac settlement differs at all or not. The purpose is to check if we can consider Auriac like a "central place" where the bedoulian flint was imported and redistributed in the backcountry. It emerges from these comparisons that the proportion of bedoulian flint is more important at Auriac than on the other sites. The imports concerned preformed and heated microblade cores and some blades without heat treatment. The bulk of the series is parts of the bladelets producted by pressure. This debitage process is well attested by all the "chaîne opératoire" products and scraps, especially inside the fortified area of the settlement. The dwelling sites of comparison show that the proportions of bedoulian flint are lower, but they were engaged in the production of bladelets on imported microblade cores already preformed, heated and tested. In the rockshelter of Font-Juvénal, dedicated to the caprine husbandry, the shortage of technical artefacts suggests that some of the lithic equipment used had not been produced on the spot. The proportion of blades without heat treatment is also much stronger in this settlement than in the others, suggesting that the diffusion systems of heated cores and blades without heat treatment were able to operate separately.