2019
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Véronique Dasen, « La mémoire au coin de l’oreille », Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales
Une série d’intailles et de camées d’époque romaine portent l’image d’une main qui pince le lobe d’une oreille entre le pouce et l’index. Une inscription en langue latine ou grecque ordonne : « Souviens-toi ! », en se référant à l’une des fonctions du geste qui doit solliciter le processus mémoriel. Selon Pline l’Ancien, le lobe de l’oreille est en effet « le lieu de la mémoire ». L’intaille garantit la fermeté de ce processus, matérialisé par la pierre capable de reproduire indéfiniment une information quand elle est utilisée comme sceau. Le sens du geste ne se limite cependant pas à la mémoire. Il s’inscrit dans une géographie corporelle gouvernée par les dieux qui fait tressaillir et vibrer le corps. Le geste gravé sur la pierre indique que l’âme est imprimée par les serments et par les émotions comme la cire ou l’argile par le sceau, en reliant visible et invisible, présence et absence, selon une procédure bien connue dans les traités de divination corporelle.