2017
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Frank Kraushaar, « Eerie Parties: Ghosts and Shaman in Li He’s 李賀 (790–816) “Songs on Magic Strings” (神絃曲,神絃,神絃別曲) », Presses de l’Inalco
Ce chapitre étudie trois œuvres du poète du ixe siècle Li He (790–816), passé à la postérité sous le nom de « démon de la poésie » 詩鬼. On rappelle le paradoxe que constitue l’absence de Li He de la majeure partie des anthologies poétiques fondatrices publiées après les Tang (618 – 906) alors même que les amateurs de poésie des temps anciens ou proches n’ont cessé de vanter son style et d’être fasciné par lui. Les trois poèmes analysés ici semblent décrire un rituel chamanique du point de vue de la prêtresse qui le célèbre, s’inscrivant ainsi, tout en s’en détachant par certains traits, dans la tradition des « poèmes palatiaux » 宫體 ou dans la lignée du Sao 騷. L’identification avec la chamanesse, dans la passion qui l‘anime comme dans le destin tragique qui est finalement le sien semble au cœur du jeu esthétique mis en œuvre par Li He. Toutefois, en particulier dans le poème final, la jeune chamanesse paraît abandonnée par les démons qu’elle a convoqués et accueillis dans les poèmes précédents, et quitte au hasard des chemins le lieu charismatique du sacrifice. Mon analyse démontre que le génie fantasmagorique de la poésie de Li He procède d’une habile dissolution des modèles poétiques et esthétiques fondamentaux, en s’enracinant dans la vision d‘un monde qui naîtrait d‘imprévisibles tensions entre pouvoirs démoniaques et destin individuel.