2018
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https://hdl.handle.net/20.500.13089/4e2j
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Yoshe Kalb d’Israel Joshua Singer, Der Sotn in Goray d’Isaac Bashevis Singer, American Pastoral et The Human Stain de Philip Roth : la circulation des voix narratives qui s’opère dans les textes offre la possibilité d’y entrevoir une alternance dialogique de discours qui sans cesse se répondent et s’opposent. Mais il est intéressant de remarquer que, dans ces quatre œuvres, qu’il s’agit ici d’étudier d’un point de vue comparatiste, ce sont les personnages féminins qui semblent au cœur de ce métissage narratif complexe. Femmes dans un monde narratif d’hommes, Malka, Rechele, Merry et Faunia sont des voix qui sont fondamentalement « autres », altérité qui est renforcée par leur personnalité diégétique : folie, explosivité, personnages à la frontière du judaïsme, personnages transgressifs. Ces éléments les amènent à sans cesse prendre en charge le discours qui dérange, à distance. Ces personnages féminins sont eux-mêmes habités par des voix « autres », comme manifestation textuelle de leur « étrangeté » – dont la manifestation la plus frappante est sans doute la prise en charge du discours du dibbouk par Rechele dans Der Sotn in Goray. Les quatre personnages féminins se définissent par leur écart : écart à l’ordre, écart à la vie, écart à la narration (dans la non-concordance entre leur présence diégétique et narrative). Dès lors, on peut se demander : dans le jeu polyphonique au cœur duquel les personnages féminins semblent se mouvoir, sont-ils voix narratives ou voix narrativisées ? Il s’agira de s’interroger sur le potentiel dialogique des personnages féminins dans les œuvres citées, en s’intéressant au lien entre leur présence discursive et leurs corps – qu’elles incarnent profondément dans les romans –, aux stratégies de distanciation qui, dans les textes, révèlent toute leur puissance narrative ; et à leurs rôles éminemment complexes au sein de la narration, comme polarisant, par de nombreux aspects, la dynamique polyphonique.