2020
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https://hdl.handle.net/20.500.13089/4e2v
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Louis Lagarde, « « Pics à gorge » néo‑calédoniens (Les) », Presses de l’Inalco
La culture matérielle de Nouvelle‑Calédonie fait état de pics en pierre, à double pointe, présentant une gorge centrale perpendiculaire à l’axe morphologique de l’objet. Ces artefacts sont caractérisés par un haut degré de polissage et ont toujours été réalisés dans le même matériau, récemment identifié, une argile solidifiée locale, le « greywacke ». Ces objets, assez rares, ont été largement instrumentalisés en Nouvelle‑Calédonie, tout comme les tumuli de l’île des Pins ou les pétroglyphes locaux, dans la construction du discours historique. Pendant la seconde moitié du xxe siècle, ces vestiges ont servi à véhiculer l’idée d’une culture primordiale non‑Kanak. Cette dernière, constituée d’un peuple de « race blanche », « eurasiatique », aurait pu arriver en Nouvelle‑Calédonie plusieurs siècles, voire millénaires, avant le peuple kanak. À l’appui de cette hypothèse figurait la publication par André Leroi‑Gourhan en 1946 d’objets très semblables, provenant du Japon néolithique et datés d’environ 2000 avant J.-C. L’archéologie locale, aujourd’hui professionnalisée, n’a jamais pu démontrer l’existence d’une culture antérieure à l’arrivée des navigateurs austronésiens ayant colonisé le Sud de la Mélanésie et la Polynésie occidentale, il y a environ trois millénaires, dans le cadre d’un phénomène aujourd’hui appelé le Complexe Culturel Lapita. Ainsi, ces perspectives racialistes, en lien avec des théories diffusionnistes populaires au début du xxe siècle, doivent être abandonnées.Cela dit, ces pics à gorge sont toujours énigmatiques. N’ayant jamais été découverts en contexte stratigraphique cohérent, ils n’ont pas encore pu être liés à une phase en particulier de la séquence chronoculturelle néo‑calédonienne. Le matériau qui les constitue a été le premier support lithique utilisé dans la production de lames par les découvreurs de l’archipel, il y a trois millénaires, ce qui pourrait les rapprocher de cette phase chronologique. Toutefois, l’existence d’au moins deux exemplaires d’objets en bois morphologiquement semblables, ainsi que l’utilisation régulière du greywacke par les Kanak pour la réalisation d’objets de prestige pourraient indiquer qu’il s’agit d’une tradition assez récente.