2020
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Geoffrey D. Schad, « The figure of the native expert: Léon Mourad in the service of the High Commission for Syria and Lebanon », Presses de l’Inalco
Le mandat français en Syrie et au Liban reposait sur des experts « indigènes » qui mettaient en œuvre sa politique. En raison de l’ambiguïté inhérente au système mandataire, censé préparer les États du Levant à l’indépendance tout en y perpétuant l’influence française, les relations entre le Haut‑Commissariat et les agents techniques libano‑syriens ne pouvaient être que difficiles et ambiguës. C’était particulièrement vrai pour les experts issus des minorités protégées par la France : ils étaient pris entre les intérêts de leur employeur et la demande sociale d’indépendance. Cette contribution explore cette ambiguïté en scrutant la carrière de Léon Mourad, expert « indigène », né à Alep et formé à l’université Saint Joseph de Beyrouth. À partir de 1927, il fut employé à plusieurs postes dans le domaine économique, d’abord pour le Haut‑Commissariat, puis pour le gouvernement syrien après 1927. Il dirigea le bureau de l’économie nationale à Alep avant de devenir directeur pour les traités commerciaux au Haut‑Commissariat. À l’indépendance, il servit comme délégué syrien au Conseil des intérêts communs et comme secrétaire général du ministre syrien de l’économie. Il fut décoré à plusieurs reprises comme technocrate modèle par la France, la Syrie et le Liban. Il était pourtant aussi engagé dans le mouvement nationaliste syrien. Il appartenait à la délégation des industriels alépins qui militèrent pour une protection douanière durant la grève des tisserands en 1932. Il participa ensuite aux débats en faveur de la souveraineté économique de la Syrie et de la construction d’une économie moderne. Sa carrière montre que les experts techniques « indigènes » de l’administration mandataire n’étaient pas des technocrates politiquement neutres, pas plus que les experts issus des minorités ne furent de simples collaborateurs au service des intérêts français. Tirant parti de leur expertise et de leur position particulière dans l’administration mandataire, certains d’entre eux furent capables de servir deux maîtres tout en se ménageant une place dans la Syrie indépendante.