2007
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Fabrice Wilhelm, « Un enjeu psychanalytique métacritique : le problème de l’envie », Presses universitaires de Caen
Les sentiments qu’on éprouve envers le créateur artistique sont ambivalents, faisant alterner admiration et envie, gratitude et agressivité inconsciente. L’artiste manqué, on le sait depuis La Calomnie d’Apelle, est un envieux. Qu’en est-il alors du critique ? Il est souvent accusé de « décortiquer » l’œuvre, de vouloir sadiquement lui enlever sa magie. Et tel est en effet souvent le cas : les journalistes de Balzac, les spectateurs du Salon des Indépendants chez Zola en témoignent. Le critique qui étudie et juge la poïésis des autres est un savant dont l’objet est impropre : il emprunte à la philosophie des concepts sans être philosophe, se frotte à la poésie sans être poète. On pourrait reconnaître en lui un philosophe et un artiste manqué : ce manque l’attire vers le poète comme la créature vers son Dieu, sans lequel l’ombre qu’il est n’existerait pas. Admiration d’une part, souffrance envieuse de l’autre : si chez tout un chacun la relation au créateur est ambivalente, l’ambivalence est accrue chez le critique du fait de sa proximité avec le poète. Que dire alors du critique d’obédience psychanalytique, si souvent soupçonné de réduire au pulsionnel ce qui fait précisément l’objet d’une sublimation, de ramener au même la polymorphie créatrice ? La réponse psychanalytique est aisée : l’envie universelle que suscite inconsciemment l’artiste fait accuser, par projection, le critique de vouloir le détruire (Janine Chasseguet-Smirgel). Le sérieux universitaire tend aujourd’hui à s’écarter de ces lectures inutiles et incertaines. Et pourtant, dans le rejet de l’interprétation dont l’herméneutique psychanalytique est la victime idéale, ne peut-on croire que se cachent de vieux leurres, de nouveaux avatars de l’envie ?