2007
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https://hdl.handle.net/20.500.13089/57oj
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Arnaud Regnauld, « An Irish Eye de John Hawkes : hoc est enim corpus meum », Presses universitaires François-Rabelais
La configuration de l'intrigue de An Irish Eye épouse au plus près les variations identitaires du personnages principal sur fond de Bildungsroman parodique. Dervla, la narratrice, qui voudrait tant correspondre à un type emprunté au genre des romans à l'eau de rose, se trouve soumise aux multiples variations imaginatives qui ponctuent sa quête d'identité. Or de même que, selon la formule que j'emprunte à Derrida, le texte se constitue comme « réseau différentiel, (...) tissu de traces renvoyant indéfiniment à de l'autre, référées à d'autres traces différentielles », texte qui pour exister en tant que récit original doit se démarquer d'un corpus virtuellement infini, le personnage de Dervla qui cherche à s'incarner, c'est-à-dire, à délimiter les contours d'un corps qui lui soit propre, se constitue comme faisceau de relations différentielles, tout en étant lui-même « nœud d'un réseau de différences qui l'articule », non seulement par rapport aux personnages de son propre récit, personnages auxquels elle se compare explicitement, mais aussi par rapport à tout un corpus d'héroïnes en perdition qui l'ont précédée dans d'autres romans, et dont la présence fantomatique vient hanter notre propre lecture. L'identité du récit, comme celle du personnage, en tant qu'entité clairement identifiable dans son originalité propre dépend donc de la manière dont l'un comme l'autre se démarquent du corpus dont ils portent la trace, l'incorporent tout en le maintenant en limite. Et c'est cette tension, ou plutôt cette joute avec la langue de l'autre, qui vient nécessairement parasiter ma propre langue, l'écarté et la fragmente dans un impossible mouvement d'ex-propriation inversement symétrique à ma propre tentative d'appropriation que l'on envisagera ici comme un rapport érotique entre les textes