2013
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https://hdl.handle.net/20.500.13089/8229
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Mechthild Coustillac, « « La classe ouvrière et les intellectuels » », Presses universitaires de Rennes
Œuvre de commande, la fresque murale « La classe ouvrière et les intellectuels » (« Arbeiterklasse und Intelligenz », 1970-1973) du peintre Werner Tübke s’inscrivait à l’origine dans un projet ambitieux de rénovation du centre-ville et du campus universitaire de la ville de Leipzig conçu à la fin des années 1960 dans le but d’illustrer la marche victorieuse du marxisme-léninisme vers le progrès. Placée dans le foyer du rectorat de l’université Karl Marx, la fresque se trouvait à l’emplacement de l’ancienne façade d’une église historique dynamitée en mai 1968, et elle était adossée à un haut-relief en bronze à la gloire du régime, lequel donnait à l’extérieur sur la vaste place Karl Marx. Ces deux œuvres monumentales représentaient le cœur d’un dispositif artistique mis en place au début des années 1970 et devaient symboliser la victoire du socialisme marxiste-léniniste sur la culture religieuse et bourgeoise du passé. Elles furent démontées en 2006, avant la démolition du bâtiment et la reconstruction du campus.La fresque, dans un enchaînement de six tableaux présentant des groupes où l’on distingue les portraits d’universitaires de renom et de dirigeants locaux du parti, évoque des pans de l’histoire de l’université en vue d’illustrer l’alliance de la classe ouvrière et des intellectuels représentée, dans l’emblème de la RDA, par la superposition d’un marteau et d’un compas.Est-il possible, compte tenu de la genèse de cette œuvre et de son environnement d’origine, de parler d’une forme de poétisation de l’histoire et de la politique ? Nous nous proposons, d’une part, de déceler une telle poétisation dans le fondement idéologique du projet lui-même et, d’autre part, d’en localiser les traces dans les espaces de liberté que le peintre, connu pour son scepticisme à l’égard de la modernité dans l’art comme pour ses résistances face au dogme du réalisme socialiste, a réussi à se ménager sous le regard de ses censeurs.