2015
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David A. Shafer, « À travers le miroir du cinéma nazi : Le Juif Süss, construction d’une communauté organique et d’une juste révolte », Presses universitaires de Rennes
Auto-proclamé cinéphile, Joseph Goebbels, ministre de la propagande du régime nazi, exploita l’industrie cinématographique allemande en fonction des objectifs de l’État nazi. Les films historiques furent, tout particulièrement, un moyen d’établir les fondations de l’État national socialiste, fabriquant visuellement les attributs et les valeurs du peuple allemand, en général par opposition aux étrangers dont les machinations sapaient l’unité et le sens de la justice des Aryens. Le film de Veit Harlan, Le Juif Süss, grossièrement basé sur le roman historique du même nom de Lion Feuctwanger, utilise comme fil conducteur du récit l’ascension de Karl Alexander au titre de duc de Wurtemberg. Dans la version cinématographique, l’appétit perfide du nouveau Duc pour le plaisir matériel introduit au sein de la communauté un élément déstabilisant qui prend la forme d’un usurier juif, Süss Oppenheimer. En héritant de l’autorité politique et économique afin de satisfaire les désirs matériels du Duc, Süss est décrit comme l’élément étranger infectant une société unie et exempte de classes ou de dissensions idéologiques. Dans ce cadre, la révolte devient le sub-texte du film, permettant le rétablissement et la confirmation des valeurs et du fonctionnement d’une société, de son autorité légitime, plutôt que l’expression d’un conflit de classe ou d’une opposition idéologique au sein d’une société. Et comme tel, le film impose les conditions et les circonstances par lesquelles la révolte devenait légitime.