Pathos et Praxis : Eisenstein contre Barthes

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2012

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  • 20.500.13089/8g3z
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Georges Didi-Huberman, « Pathos et Praxis : Eisenstein contre Barthes », 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze


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En dépit de tous les usages idéologiques et théoriques qui en sont faits Eisenstein met en œuvre une dialectique hétérodoxe. Il ne réduit jamais sa « vérité » ni à un savoir absolu, ni à une position absolue. Dans sa dialectique interviennent constamment le mythos dans le logos et le pathos dans la praxis. La connaissance du Mexique contemporain que propose Que Viva Mexico ! fait appel à ses mythes, ses croyances, ses superstitions, ses rituels, ses survivances, tout ce qui forme un matériau temporel où doit se comprendre l’énergie même des Mexicains pour s’émanciper de leurs séculaires aliénations et pour trouver les conditions de leur propre futur révolutionnaire. De même la compréhension de la praxis révolutionnaire fait appel au pathos qui en fournit les prémisses mêmes de passage à l’acte corporel, soit les modifications corporelles des sujets atteints par l’histoire et les modifications historiques agies par les sujets politisés. Cette dialectique hétérodoxe a souvent été mal comprise ou refusée. Ainsi Roland Barthes a-t-il rejeté le mythos en tant que mensonge sur la praxis historique (au bénéfice de l’épos, par exemple), comme il a rejeté le pathos en tant que mensonge esthétique contenu dans les effets de « choc » (au bénéfice du punctum, par exemple). Il introduisait là un légitime soupçon face aux images « médiatiques » de la douleur, au sensationnalisme et au sentimentalisme, mais il a, dans le même temps, simplifié le problème de manière si élégante que ses disciples ont reconduit ses simplifications sans y prendre garde et adopté une attitude de recul qui tient pour regard critique ce qui se révèle souvent comme un refus de regard.En reprenant l’analyse barthésienne de « quelques photogrammes » du Cuirassé Potemkine cet article montre que le pathos joue un rôle charnière dans toute praxis historique.

In spite of the many ideological and theoretical uses that are made of it, Eisenstein sets in motion a heterodox dialectic. He never reduces his “truth” to an absolute knowledge, nor to an absolute position. In his dialectic there is a constant interaction between mythos and logos, between pathos and praxis. The understanding of contemporary Mexico that is proposed by Que Viva Mexico ! includes the country’s myths, beliefs, rituals, traditions, everything that makes up the temporal material from which the Mexicans can draw the energy to free themselves from their centuries-old alienation and to discover their revolutionary future. Likewise the understanding of revolutionary praxis appeals to pathos, which provides the pre-conditions for the bodily taking of action, i.e. the bodily changes of subjects touched by history and the historical changes enacted by politicised subjects. This heterodox dialectic has often been misunderstood or denied. Thus Roland Barthes rejected mythos as a lie in relation to historical praxis (in favour of épos, for example), just as he rejected pathos as an aesthetic lie contained within “shock” effects (in favour of punctum, for example). While he was rightly suspicious of “media” images of pain, of sensationalism and sentimentality, at the same time he simplified the problem in such an elegant fashion that his disciples have tended to reproduce his simplifications uncritically and have adopted a posture of distance that mistakes for a critical gaze what is often no more than a refusal to look. By re-engaging with Barthes’s analysis of “a few photograms” of Battleship Potemkin, this article demonstrates that pathos plays a key role in any historical praxis

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