2005
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https://doi.org/10.4000/ahrf.1598
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Frédéric Derne, « La chanson, « arme » révolutionnaire et chambre d’écho de la société en Auvergne », Annales historiques de la Révolution française
On n’a peut-être jamais autant chanté qu’à l’époque révolutionnaire ; cette décennie mouvementée permet à la multitude de suivre son penchant naturel. On chante la Révolution dans les rues, dans les salons, dans les fêtes, sur les théâtres. Si Paris reste incontestablement le lieu de prédilection des chansonniers, la chanson se diffuse également en Auvergne. Ce panorama peut paraître subjectif avec le recul du temps, mais les chansons, écrites dans la fièvre du moment, sont le reflet de la sensibilité auvergnate. Eloignée des grands théâtres d’opérations militaires et de guerre civile, exempte de mouvements politiques violents et de troubles religieux aigus - la Terreur y est plus modérée et la déchristianisation larvée - l’Auvergne 1 ne présente à l’égard des péripéties révolutionnaires ni enthousiasme prononcé ni hostilité systématique. Si bien qu’à la marche précipitée de la Révolution parisienne correspond ici un rythme plus large : l’onde s’amplifie et se calme en s’éloignant de son épicentre. L’enjeu pour le nouveau régime, par le biais de ses administrateurs, de ses représentants ou de ses ministres, consiste à faire adhérer la population aux idéaux républicains. Pour cela, l’art, et en particulier le formidable vecteur de propagande qu’incarne la musique, est ballotté entre impulsion et dirigisme. La chanson se veut également moyen d’éducation, de sensibilisation aux idées du siècle d’une population analphabète à 50% ; la musique monte sur scène. Mais à trop vouloir enrégimenter l’activité chansonnière, les administrateurs locaux ne parviennent guère à susciter l’enthousiasme d’une population davantage préoccupée par les problèmes de ravitaillement et de conscription que la Révolution génère. À partir de l’an II (1794), les pédagogues se détournent de leur public, la musique tend à perdre sa principale raison d’être… l’engouement populaire.La première partie, état des lieux des sources disponibles, rappelle les différents modes de diffusion des productions auvergnates, la prééminence patente des cités en tant que principaux foyers d’Orphée ; la seconde s’attache à l’élaboration de la figure du chansonnier auvergnat, personnage issu de la petite bourgeoisie à la solde du régime ; la troisième partie établit un lien entre le contexte régional brûlant et les hymnes produits.