2022
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https://hdl.handle.net/20.500.13089/9o4f
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https://doi.org/10.4000/anneemaghreb.10480
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Mérième Ihsan, « Des identités (dé)politisées ? Les enjeux de catégorisation des Nubien.ne.s en Égypte », L’Année du Maghreb
Dans la lignée des travaux qui étudient la façon dont l’État gère ses groupes culturels, cet article se donne pour objectif de rendre compte de la complexité du processus de construction des catégories où les récits et les représentations de plusieurs acteurs s’entrelacent. À rebours d’une vision dichotomique de l’État vs les Nubien.ne.s, cet article vise à mettre en présence l’hétérogénéité d’acteur.trices (l’État, les chercheurs, les militant.e.s, les leaders associatifs, etc.) qui participent aux processus de catégorisation. Dans cette perspective, il propose d’étudier ce processus au croisement des problématiques de politisation et de dépolitisation, à savoir les lectures déconflictuelles, diffusées dans un contexte globalisé, donnant lieu à des processus de politisation à géométrie variable. À géométrie variable parce que ces processus dépendent des différentes interactions entre les divers acteurs, la circulation des récits et des travaux académiques, et la mise en place des espaces qui ne sont pas tous nécessairement politiques ; mais qui favorisent une prise de conscience et renforcent l’identification des individus. Comme nous le verrons dans cet article, les processus de catégorisation s’inscrivent dans une zone grise qui oscille entre reconnaissance et déni, politique et ‘apolitique’, donnant naissance à des stratégies d’appropriation, de négociation et de contestation. Pour ce faire, cet article analyse, d’abord, la façon dont l’intérêt aux enjeux patrimoniaux devient un instrument d’homogénéisation dont l’objectif est de déconflictualiser les rapports à l’État. Il examine ensuite les études ethnologiques portant sur la population nubienne et leur rôle dans la diffusion d’une image folklorique et parfois essentialiste de celle-ci. L’article retrace, ensuite, les tentatives de politisation à travers l’appropriation des catégories politiques (comme « indigènes » et « minorités ») afin de faire partie d’un discours global. Alors que ce discours émerge, à partir des années 2000, chez certain.e.s militant.e.s, les chercheurs contribuent aussi à ces processus de politisation en mobilisant davantage ces catégories dans leurs travaux.