2012
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Nathalie Heinich, « Des limites de l'analogie religieuse », Archives de sciences sociales des religions
L'intérêt pour les célébrités est souvent assimilé à une forme de religion, que ce soit par les acteurs eux-mêmes lorsqu'ils décrivent leurs propres pratiques ou par les savants lorsqu'ils manient l'analogie avec le « culte », la « sacralisation » ou la « sanctification ». De telles comparaisons paraissent à la fois évidentes et peu convaincantes, tant elles évoquent sans analyser ni expliquer ; elles demeurent en outre aveugles sur les effets normatifs – critiques ou laudatifs – de toute analogie religieuse. Plusieurs opérations sont ici proposées pour passer de l'analogie sauvage à la comparaison raisonnée : l'extension de la comparaison aux différences et non seulement aux ressemblances ; le passage de « la religion » aux différentes religions utilisées comme référence ; la décomposition des phénomènes qualifiés de « religieux » en plusieurs fonctions ; l'abandon d'une perspective catégorielle au profit d'une perspective typologique ; enfin, l'abandon d'une conception de « la religion » comme matrice originelle, faisant place à sa conception comme configuration contextuelle. Cette désubstantialisation fait apparaître « la religion » comme une notion indigène et non comme une catégorie instrumentale pour l'analyse, laquelle peut alors se déployer sans écraser son objet sous l'analogie religieuse ni, inversement, passer à côté des éclairages procurés par la comparaison.