2021
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2431-1766
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2425-6250
Ce document est lié à :
https://hdl.handle.net/20.500.13089/dgp7
Ce document est lié à :
https://doi.org/10.4000/caliban.9956
info:eu-repo/semantics/openAccess , https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/
Fabrice Bensimon, « Samuel Bamford, Peterloo et l’histoire du radicalisme anglais », Caliban
Samuel Bamford (1788-1872) nous a laissé l’autobiographie peut-être la plus lue du xixe siècle anglais, ses Épisodes de la vie d’un radical (Passages in the Life of a Radical, 1839-1842). Il y raconte notamment comment, le 16 août 1819, il prit la tête de 3 000 habitants de Middleton, au nord de Manchester, pour marcher jusqu’au grand rassemblement radical qui se termina en bain de sang, et qui est passé à la postérité comme « Peterloo ». Le récit de Bamford en est venu à transcender la mémoire de l’événement, jusqu’à l’incarner en quelque sorte. Quand il a écrit ses mémoires, au tournant des années 1840, Bamford n’était cependant plus le radical de 1819. Il aspirait à une certaine notoriété littéraire et ses opinions étaient plus conservatrices. Ses mémoires ne résultaient pas seulement de la volonté de garder une trace écrite du passé, ils s’inscrivaient dans un discours contre les chartistes, leur violence supposée et leur opposition à la bourgeoisie libérale. En insistant sur son pacifisme de jeunesse, en l’opposant à l’esprit révolutionnaire des chartistes, Bamford se réinventait peut-être. Considérer cette double temporalité et les enjeux de la mémoire, c’est aussi réfléchir à l’histoire du radicalisme de 1819 et de 1820, ce qu’il a été et ce qui en a été raconté.