2022
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https://doi.org/10.4000/cdlm.16085
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Bernard Heyberger, « De l’empire à la nation, de la ṭā’ifa à la minorité confessionnelle », Cahiers de la Méditerranée
La « dhimmitude » est un terme forgé en 1982, pour désigner le statut d’infériorité que les régimes qui se réfèrent à l’islam assignent aux chrétiens et aux juifs, mais aussi l’attitude de soumission que ces derniers adopteraient face à cette discrimination. Cet article entend réagir contre l’usage de ce terme, qui connote une situation intemporelle et immuable des origines de l’islam à nos jours, alors même qu’il a été conçu et diffusé dans le contexte récent de la montée de la référence à l’islam dans les États du Proche-Orient, et de l’hostilité à l’égard de l’islam et des musulmans dans les sociétés européennes. L’article s’attache au contraire à montrer que les pouvoirs de type impérial font preuve de pluralisme et d’empirisme face à des « corps » attachés à leurs particularités et leurs privilèges, dans des sociétés caractérisées par leur manque d’homogénéité, l’inégalité des statuts et les discriminations entre groupes divers. L’homogénéisation interne des communautés minoritaires, leurs constructions identitaires, et leur distanciation par rapport à la majorité de la société, sont des processus caractérisant la modernité et le nationalisme, qui expliquent en grande partie la disparition des juifs et des chrétiens dans les sociétés contemporaines au Proche-Orient.