2013
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https://doi.org/10.4000/ceg.5231
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Frédéric Weinmann, « C comme classique et S comme silence. Grass, lecteur des frères Grimm », Cahiers d’études germaniques
Dans Les Mots des frères Grimm, dernier volet de l’autobiographie de Günter Grass portant le sous-titre Une déclaration d’amour, Jakob et Wilhelm Grimm semblent répondre parfaitement à la définition de l’auteur classique : Grass les admire, il les cite en exemple, il consulte en permanence leur Dictionnaire allemand qu’il appelle même son « bien de famille », il entretient avec eux un dialogue imaginaire par-delà les siècles. Or, paradoxalement, le terme de classique n’apparaît pas une seule fois dans l’ensemble de l’ouvrage. Mieux encore, Grass, qui s’étonne de l’absence de « clown », « chaos » ou « cosmos », qui explique le refoulement de « communiste » dans leur Dictionnaire par des raisons politiques, ne remarque pas que le mot « classique » manque lui aussi à la lettre C. Cela lui aurait été d’autant possible que le continuateur des Grimm, Rudolf Hildebrand, définit longuement ce terme à la lettre K, à laquelle Grass consacre tout un chapitre. S’il passe le concept sous silence, c’est que ce dernier garde pour lui un caractère d’évidence n’appelant aucun commentaire. Grass, qui se place lui-même au même niveau que Plutarque, Tite Live, Shakespeare et Brecht, n’a manifestement pas conscience que cette définition des classiques est une invention du XIXe siècle, due entre autres à l’œuvre des frères Grimm.