2023
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Françoise KNOPPER, « Trois voyageurs germanophones face aux réformes de Charles III et Charles IV (1780‑1792) », Cahiers d’études germaniques
Dans les années 1780 s’affrontaient dans le Saint Empire deux représentations de l’Espagne : la légende noire, héritée de l’Encyclopédie, diffusait les clichés d’une Espagne obscurantiste, prétendument restée à l’écart des Lumières européennes et caractérisée par le fanatisme religieux, tandis que la légende dorée vantait le brillant passé et les spécificités culturelles de l’Espagne. La polémique faisait rage car c’étaient les enjeux de l’absolutisme éclairé qui étaient sur la sellette depuis les réformes opérées sous Charles III (1759-1788).Parmi les voyageurs germanophones, certains s’élevèrent au-dessus de cette polémique et plaidèrent, grâce à leurs observations et leurs contacts, au nom de l’universalité de la raison et du cosmopolitisme. Qu’ils soient « assimilationnistes » ou « différentialistes » (Todorov), ils retrouvaient en Espagne ce qui unifiait la République des Lettres mais diagnostiquaient aussi les obstacles qu’elle rencontrait. Tychsen, professeur à Göttingen, se solidarisait avec les universitaires qui tentaient de moderniser les programmes. Le philologue viennois Hager, dont le narrateur a l’insolence d’un Figaro, s’enthousiasmait pour les aspects culturels lui rappelant l’Orient et se montrait plus proche de l’Inquisition que des athées francophiles. Kaufhold, qui rédige un rapport sur l’économie, espère en l’instauration d’une monarchie constitutionnelle à la Française mais perd ses illusions face au gouvernement de Charles IV apeuré par la France révolutionnaire.