« Nous sur notre montagne... » Les Suisses romands et l’universalisation de la mémoire protestante

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2016

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  • 20.500.13089/dwl1
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Résumé Fr En

L’analyse des discours prononcés en Suisse romande lors des différentes commémorations de la Réforme met en évidence trois principaux champs de transformation de la mémoire réformée : l’historiographie ; la conception d’une communauté protestante transnationale ; le rôle de la Suisse et des Suisses dans le dispositif mémoriel. Cet article montre que le jubilé luthérien de 1917 marque un tournant décisif dans la représentation de l’identité protestante, en la détachant définitivement de la « race germanique » à laquelle elle avait été jusque-là associée. Les nationalismes européens exacerbés et leurs affrontements meurtriers bouleversent en effet les solidarités confessionnelles et reconfigurent durablement l’apologétique protestante. L’histoire du Monument international de la Réforme, dont la première pierre est posée en grande pompe en 1909 et qui est remis discrètement à la Ville de Genève en été 1917, symbolise à elle seule les renversements opérés en moins d’une décennie mais préparés par un siècle de sécularisation. Avec la Guerre, l’association entre États protestants, modernité, progrès et liberté perd de sa pertinence. Identité nationale et identité confessionnelle se trouvent définitivement séparées. En conséquence, le geste de Luther de 1517 est universalisé par les protestants suisses au cours du XXe siècle. Conçu comme l’une des sources de la modernité, il est tour à tour considéré comme fondateur du protestantisme bien au-delà de l’Allemagne, porteur de rénovation pour l’ensemble du christianisme, catholicisme compris, et moteur d’une quête de liberté traversant toutes les sociétés.

Analysis of the speeches delivered during various commemorations of the Reformation, in French-speaking Switzerland, reveals three main areas where the memory of the Reformation underwent a transformation: historiography; the birth of a transnational Protestant community; the role of Switzerland and the Swiss. This article shows that the 1917 Lutheran anniversary marked a sea change in the representation of Protestant identity, detaching it definitively from the “Germanic race” with which it had been associated until then. Exacerbated European nationalisms and their murderous confrontations shook the foundations of confessional solidarity and durably reconfigured Protestant apologetics. The history of the International Monument of the Reformation, whose corner stone was laid with pomp and ceremony in 1909 and which was then discreetly handed over to the City of Geneva in the summer of 1917, symbolised by itself the upheavals occurring in less than a decade but prepared by a century of secularisation. With the first World War, the links associating Protestant states, modernity, progress and freedom lost all their relevance. National identity and denominational identity were severed once and for all. The result was a universalization of Luther’s 1517 gesture by Swiss Protestants in the course of the twentieth century. Construed as one of the sources of modernity, it was progressively seen as the foundation of Protestantism beyond Germany as well as the source of renovation for the whole of Christianity, including Catholicism, and the inspiration of a quest for freedom across all societies.

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