2013
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https://doi.org/10.4000/clo.1824
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Pénélope Patrix, « De Villoldo à Gardel », Cahiers de littérature orale
Quand on compare les chansons tango El Pechadord’Ángel Villoldo (1909) et Mi Noche Triste de Carlos Gardel (1917), on entend le passage d’un style allègre à un style mélancolique. Cette transformation historique, où le rythme est central, s’articule à un changement dans la configuration des performances. Le tango allègre de Villoldo est caractérisé par une forme cyclique reposant sur la répétition et la redondance, facilement mémorisable et permettant donc une participation active de l’auditeur dans le cadre de fêtes populaires. Villoldo se met en scène dans un texte comique visant à provoquer le rire. Son interprétation vocale, forme de parlé-chanté, est régulière et mimétique. La chanson de Gardel s’inscrit par plusieurs aspects dans la continuité de celle de Villoldo, notamment par certaines constantes rythmiques. Mais au style euphonique du premier s’oppose le style dysphorique du second : Gardel offre le spectacle de son chant mélancolique à une assemblée assise. La chanson devient alors lyrique, comme cela a souvent été vu, mais aussi linéaire, reposant sur un principe de variation et contrariant les attentes de l’auditeur par des jeux rythmiques de tension-résolution. Son phrasé, quant à lui, devient imprévisible. L’écart entre ces deux performances chantées permet de souligner les corrélations entre un style, un type de rythme, un registre poétique et une situation pragmatique.